Stratégies des assureurs vie : la vision de l’agence de notation Standard & Poor’s

Ayant observé un ajustement des stratégies et des offres des assureurs vie en Europe en vue de s’adapter à un contexte de taux d’intérêt bas et de besoins en capitaux croissants, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) estime qu’il faudra des années, voire des décennies, avant que les épargnants ne s’orientent vers des produits moins sécurisés et plus exposés aux risques.

Selon S&P, afin de consommer moins de capital requis, comme l’exige la réglementation Solvabilité II, les assureurs vie européens prennent clairement un virage vers des produits plus risqués comme les unités de compte ou des produits aux garanties réduites ou sans aucune garantie ; et cette tendance devrait se poursuivre. Néanmoins, la dynamique du marché, ainsi que les besoins et les attentes des titulaires des contrats, pourraient être un frein à l'adhésion à des produits générant un besoin moindre en capital.

Des réorientations à effet retard

Sébastien Dany, analyste chez S&P, en déduit que « réduire le risque des produits reviendra à essayer de faire changer de direction un pétrolier géant, c’est-à-dire avec une lenteur de circonstance ». Ainsi et toujours selon S&P, quelques assureurs devraient tirer avantage d’un allégement des besoins en capital mais, pour d’autres, cet allégement devrait se produire trop tardivement pour qu’ils en tirent des effets réels. Cette analyse figure dans un rapport publié par l’agence de notation le 22 février et intitulé « les assureurs vie jouent sur le long terme avec la réorientation vers d’autres produits ». S & P ne prévoit toutefois pas d’impact immédiat de la réorientation vers des produits plus risqués sur les notations qu’elle attribue aux assureurs-vie européens.

La France, parmi les pays qui proposent les produits les moins risqués

Le Royaume-Uni est le pays européen où les produits risqués sont les plus répandus puisqu’ils représentent plus de 60 % du marché. La Finlande, la Suède et le Danemark suivent avec respectivement 60 %, environ 55 % et près de 42 % des actifs d’assurances vie placés sur des produits risqués. La France est en huitième position, seulement près de 15 % de ces placements étant susceptibles d’engendrer des risques. Elle est talonnée par l’Allemagne (environ 8 % de produits risqués).