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7 mars 2022

S’orienter face à des risques complexes et croissants

Guy-Antoine de La Rochefoucauld est Directeur Régional de Lloyd’s pour la France et le Luxembourg et Monaco et la Suisse de Lloyd’s Insurance Company SA. Le rôle bien spécifique des Lloyd’s, un marché actif au carrefour de nombreuses activités, partout dans le monde, lui permet d’analyser l’interdépendance des acteurs face aux nouvelles menaces qui émergent.

Quelle serait votre définition des grands risques ?

 Le monde économique comme le monde des affaires font face à des typologies de risques existants qui évoluent et s’intensifient, mais aussi à des risques de nature inédite. En qualité de marché du Lloyd’s mais aussi au titre de Lloyd’s Insurance Company, nous disposons d’une expertise internationale qui nous permet d’avoir une bonne compréhension des besoins globaux et de leur répartition.

Les grands risques ont une définition européenne reprise dans le Code des Assurances (voir encadré page précédente). L’entreprise doit comporter au moins 2 de ces 3 caractéristiques :

  • Un total de bilan supérieur à 6,2 millions d’euros,
  • Un chiffre d’affaires supérieur à 12,8 millions d’euros,
  • Au moins 250 employés.

Il faut souligner que ces seuils sont consolidés. Ainsi chaque entité d’un groupe qui rentre dans la catégorie des grands risques se fera appliquer ces mêmes règles.

Aujourd’hui, certaines entreprises, par la complexité de leurs risques ou leurs implantations géographiques multiples, nécessitent un traitement spécifique en matière d’assurance. C’est à elles que se réfèrent la majorité des acteurs lorsque sont évoqués les grands risques. Mais les interactions toujours plus nombreuses entre les acteurs économiques entraînent des situations nouvelles. Ainsi, pour prendre un exemple concret et qui concerne la plus ancienne ligne d’assurance au monde, qui aurait pensé que le blocage du canal de Suez par un porte-containers géant aurait des répercussions sur l’ensemble du commerce mondial, avec des impacts sur des PME ancrées dans leur territoire local comme sur des multinationales ? Nous n’avions jamais de mémoire d’homme vécu une telle complexité des risques.

Or, il faut de mieux en mieux connaître et comprendre les clients pour bien les assurer. Notre position d’assureur et de réassureur nous permet d’apporter des solutions nationales, européennes et internationales, notamment en matière de transport, d’aviation ou de satellites mais aussi pour les dommages aux biens y compris la PE, la RC sans oublier le cyber, qui constituent des classes d’affaires importantes aux Lloyd’s. Nous sommes présents dans 200 pays ou territoires au travers d’un réseau global qui permet de traiter les affaires des clients partout où ils ont des intérêts, mais aussi d’être à l’écoute des besoins locaux et d’apporter aux souscripteurs cette connaissance fine, géographie par géographie.

Le marché international de Londres a représenté en 2020 un montant de 88 milliards d’USD de primes, pour lequel la part des Lloyd’s s’élève à 54 % (assurance et réassurance).

Quel bilan tirez-vous de la pandémie de COVID-19 ?

Pendant toute la période depuis le début de la crise COVID-19 et les différentes restrictions sanitaires, nous avons continué à bien fonctionner et à nous développer. Nous avons tout d’abord assuré la continuité du service tant en souscription qu’en gestion de sinistres. Et nous n’avons pas été les seuls. Le marché a montré sa capacité à travailler dans ces conditions virtuelles.

La Chine s’est fermée dès novembre 2019, avec un impact croissant sur l’économie. Ce moment s’est finalement révélé intéressant. Malgré cette situation et le confinement, le marché du Lloyd’s a continué à gérer et servir les clients.

Cela a aussi permis de faire des progrès rapides pour devenir une place de marché en bonne voie de numérisation. Nous étions en cours de déploiement de ce projet mais nous avons été boostés par les nouvelles conditions d’exercice de nos activités. Nous avons constaté avec satisfaction que nous avions une grande robustesse pour nous digitaliser.

En matière de sinistres, nous avons bien résisté aux défis posés par la pandémie. Nous avons réglé de nombreux sinistres. Nous avons versé 2,2 milliards de Livres Sterling à nos clients au cours du 2e semestre 2021, dont 80 % sont dus au COVID. Nous restons cependant pru- dents, car les effets de cette pandémie ne sont pas terminés. Nous anticipons qu’il y aura d’autres pertes, autour de 6 milliards de Livres Sterling pour nos clients.

Cette crise a un impact cumulé qui sera comparable aux conséquences des attentats du 11septembre 2001, ou plus récemment aux tempêtes Harvey, Irma et Maria en 2017. Notre rôle consiste à régler ces sinistres et faire en sorte que nos clients puissent continuer leurs activités.

Comment voyez-vous les grands risques de demain ?

Pour continuer à servir nos clients dans l’avenir, et notamment assurer le paiement des sinistres de grande ampleur, le marché des Lloyd’s a quatre priorités stratégiques :

  • La performance, gage de pérennité et de préservation de notre capacité financière à long terme,
  • L’accélération de la digitalisation de ses activités,
  • Le développement de sa culture d’entreprise, qui doit inclure la diversité, La raison d’être définie selon les modalités actuelles de la RSE.

Cyber risques

Ces fondamentaux solides nous permettent d’observer les risques de demain, par exemple les Cyber risques.

Nous sommes aujourd’hui ouverts aux affaires nouvelles sur cette classe d’affaires, même s’il est clair que ces

risques présentent des caractéristiques spécifiques qui nous obligent à adopter une approche différente par souscripteur/trice au sein de notre compagnie et marché.

Pour le marché des Lloyd’s, ces risques ne sont pas nouveaux : nous assurions déjà des risques liés aux données dans les années 1970 et 1980, puis la

protection des clients contre l’extorsion (selon les pays) et la fraude dans les années 1990 et 2000. Aujourd’hui, les attaques Cyber peuvent avoir un impact