Les données au cœur de la stratégie (ou pas) des assureurs

Le Règlement européen sur la protection des données entrera en vigueur en mai 2018. Ces nouvelles dispositions vont faire bouger les lignes pour l’ensemble des acteurs du secteur de l’assurance, à l’heure où les assureurs affutent leur stratégie en matière de « Data ». Ou pas. Car une récente étude de Deloitte a de nouveau pointé une prise de conscience pour le moins contrastée chez les intéressés.
 

Les données sont, historiquement, intrinsèquement, au cœur de leur activité. Pourtant, longtemps les assureurs ont éprouvé de réelles difficultés à appréhender tous les gains qu’ils pouvaient en tirer (et leurs assurés), faute de savoir les trier, les décrypter, en optimiser les enseignements pour en faire un levier de croissance et surtout d’innovation de l’offre – produits et services – pour leurs assurés. Alors que l’avènement de logiciels dédiés et des nouvelles technologies pouvait laisser penser qu’ils trouveraient là une aide salutaire, leurs avancées dans ce domaine restent paradoxalement chaotiques. Ce retard est d’autant plus handicapant aujourd’hui que le flux exponentiel des données collectées grâce aux objets connectés engendre des difficultés supplémentaires.
 
Les stratégies en question
Quel que soit le secteur, les outils, de toute façon, ne servent à rien s’ils ne sont pas au service d’une stratégie. Or, il ressort de l’étude Deloitte que, finalement, assez peu d’assureurs ont une politique et une vision claires des enjeux et des objectifs à atteindre. Parmi les 68 compagnies d’assurance interrogées en Europe, 90% répondent même que leur stratégie ‘data’ n’est pas alignée avec leur stratégie business…. Et, quand il existe un semblant de stratégie, il s’agit pour une écrasante majorité (70%) de coups « opportunistes » et de court terme, là où une vision de moyen-long terme serait certainement plus judicieuse…  Autant dire qu’on est encore loin de l’exploitation vertueuse des données à des fins prédictives/préventives, au bénéfice des assurés, malgré certaines campagnes de communication de quelques acteurs savamment orchestrées, en particulier dans le domaine de la santé.
 
Un tâtonnement qui ouvre un immense champ
Cet attentisme, ce tâtonnement de la part des acteurs dits traditionnels de l’assurance, favorisent, on le sait, l’arrivée de nouveaux entrants non professionnels de l’assurance qui disposent, eux, de tous les moyens technologiques et du savoir-faire inhérent pour atteindre le plus grand nombre de consommateurs. Peu importe qu’ils vendent des voitures, des voyages, des savons, des livres ou de l’assurance, à leurs yeux tout se vaut, et peut se vendre.
 
Au-delà des assureurs, en retard dans ce domaine, il s’agit peut-être d’une opportunité immense pour les courtiers, qui ont toujours su s’adapter à la fois aux lacunes des assureurs, et aux besoins de leurs clients. A cet égard, les travaux de l’Institut Intermedius sont très éclairants.   
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