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22 novembre 2019

Interview Laure Zicry, Head of Cyber Insurance, Willis Towers Watson, Western Europe

« Les courtiers doivent appréhender la problématique des couvertures Cyber silencieuses »

 

Codes courtage :  Qu’entend-t-on par couvertures silencieuses ?

Laure Zicry :  Ce sont toutes les couvertures Cyber qui existent dans les contrats traditionnels comme les contrats de RC, de Dommage, de Fraude…La problématique vient du fait que ces contrats traditionnels n’ont pas été souscrits pour couvrir le risque cyber. Sous la pression de nombreuses autorités dont la FFA et des Lloyd’s également, les assureurs s’attèlent aujourd’hui à clarifier leur position. Ils sont donc invités à mentionner lors des prochains renouvellements, s’ils accordent dans les contrats traditionnels des garanties pouvant être actionnées en cas d’événement cyber et qui devront être mentionnées de manière claire et affirmative, ou si au contraire, ils excluent ce risque, dans ce dernier cas, ils ajoutent des nouvelles exclusions de garantie qui doivent être formelles et limitées.

 

Codes courtage : Pourquoi un tel mouvement d’ampleur ?

Laure Zicry : Suite aux attaques de 2017 et notamment Not/Petya, certaines sociétés touchées ont réclamé une indemnité au titre de contrat d’assurance Dommage aux biens. Suite au refus d’indemnisation de plusieurs assureurs américains, les assurés ont porté l’affaire devant les juges (on peut citer les cas de Mondelez ainsi que Merck). Au Royaume-Uni, un grand cabinet d’avocats a également intenté une action en justice contre un assureur Londonien.

Devant ce phénomène inédit, les Autorités de place et les Lloyd’s ont pris position (comme évoqué plus haut) rejoignant des acteurs comme AIG et Allianz par exemple qui s’étaient déjà engagés sur la notion d’exposition transverse.

 

Codes courtage : Est-ce un moment-clé pour le marché des garanties Cyber ?

Laure Zicry : Ce refus de prise en charge des dommages causés par des cyberattaques par les marchés traditionnels a clairement mis en lumière la nécessité pour les entreprises de procéder à la souscription de contrat d’assurance Cyber. C’est un tournant majeur pour notre industrie et l’objectif est clairement de gagner en maturité sur ce sujet compte tenu du fait que le risque cyber est polymorphe et prend de l’ampleur.

 

Codes courtage : Quel rôle va jouer le courtier dans cette nouvelle donne ?

Laure Zicry : Les courtiers doivent d’abord bien comprendre la problématique des couvertures silencieuses, et ainsi être en mesure de les identifier dans les contrats traditionnels et/ou décrypter les exclusions spécifiques et ce, afin de mettre en place une véritable stratégie de placement. L’objectif final étant de couvrir ces risques via un contrat Cyber ad hoc. Leur valeur ajoutée réside dans leur capacité à expliciter tous les scénarios de risques propres à chaque entreprise, et démontrer ce que la police Cyber va couvrir exactement. C’est la suite logique du travail effectué jusqu’ici par l’analyse des garanties dans les contrats traditionnels (Gap Analysis) que Gras Savoye Willis Towers Watson propose depuis plusieurs années déjà. La volonté des assureurs d’aller plus loin et de prendre position sur les garanties silencieuses est une opportunité pour les courtiers. Ils peuvent ainsi mettre en avant leur savoir-faire et démontrer que leur démarche vers le placement d’un contrat Cyber fait sens.

 

 

 Savez-vous ce qu’est le Cryptojacking ?

Les cryptomonnaies comme le bitcoin nécessitent des ressources informatiques très importantes pour produire cette monnaie virtuelle. On appelle cela « miner » de la cryptomonnaie. Plutôt que d’acquérir des serveurs couteux et gourmands en électricité, les hackers vont introduire un virus dans les ordinateurs de particuliers ou dans les systèmes informatiques des entreprises, et utiliser à leur insu leurs capacités informatiques.

Ainsi et sans le savoir, les particuliers ou entreprises se retrouvent à miner de la cryptomonnaie pour le compte des hackers et ne s’en aperçoivent souvent que lorsqu’ils constatent une baisse de la performance de leurs systèmes informatiques ou un bond dans la facture d’électricité ! Cette nouvelle forme d’intrusion et de cybercriminalité est à la hausse !

Propos recueillis par Céline MESLIER