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7 décembre 2018

Retraite : trois réformes pour un changement de modèle

Pour faire passer ‘’la pilule’’ d’un nouveau fonctionnement du système de la retraite auprès de nos concitoyens, le gouvernement aurait pris le parti – pour le moins habile - de ‘’saucissonner’’ les changements en plusieurs réformes. Le point de vue de trois experts de Gras Savoye Willis Towers Watson.

Selon Mourad Bentoumi, directeur du département retraite et avantages sociaux de Gras Savoye Willis Towers Watson, « entre la réforme de l’Agirc-Arrco qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019, le projet d’instauration d’un système universel des retraites et le projet de loi Pacte visant à  favoriser l’épargne salariale, c’est la première fois que les trois composantes de la retraite sont abordées au même moment. Le but est d’aboutir à des réformes structurelles, allant bien au-delà des réformes adoptées par les précédents gouvernements qui se limitaient à un simple ajustement des trois paramètres de gestion des régimes que sont les cotisations des actifs, le montant des pensions et l’âge de départ en retraite ». S’y ajoute une directive européenne sur les « prescriptions minimales visant à accroître la mobilité des travailleurs entre les États membres en améliorant l’acquisition et la préservation des droits à pension complémentaire », qui doit être prochainement transposée en France.

26 ans de retraite, en moyenne

Aujourd’hui, une pension de retraite finance, en moyenne, 26 ans de la vie d’une personne. Du fait de l’allongement de l’espérance de vie, un décrochage est en train de s’opérer sur les taux de remplacement, autrement dit le montant de la pension de retraite par comparaison avec les revenus lorsqu’une personne est en activité. « Si les générations ayant atteint l’âge de la retraite bénéficient de taux de remplacement se situant autour de 70 %, les trentenaires d’aujourd’hui devraient voir leur taux de remplacement dégringoler à 55 % et cette décélération ne devrait pas s’arrêter là », alerte Simon Desrochers, directeur Head of Clients France de Gras Savoye WTW. Les actifs sont apparemment bien conscients de ce qui les attend puisque, selon une étude récente, 80 % estiment qu’ils n’auront pas un revenu suffisant, une fois parvenus en retraite. Et même la moitié de nos concitoyens redoutent la faillite du système par répartition. A ce jour, le montant total des retraites versé aux Français équivaut à 14 % du Produit intérieur brut (Pib), soit 310 Mrds €.

L’épargne retraite pour rehausser les pensions

Le gouvernement perçoit l’épargne retraite comme un moyen de suppléer à la diminution des revenus de retraite provenant des régimes obligatoires et complémentaires et veut renforcer le rôle des entreprises sur ce plan car, d’eux-mêmes, les salariés n’épargnent pas suffisamment dans cet objectif, à leur sens. Afin que les trentenaires puissent profiter d’un taux de remplacement à 70 %, comme leurs aînés, il faudrait que soient versées sur un produit d’épargne retraite des cotisations à hauteur de 8 % du salaire annuel. Les versements effectués actuellement sont bien moindres : la médiane est de 2 % du montant du salaire pour l’employeur et d’1 % du montant du salaire pour l’employé. Le montant total versé sur les produits de retraite par capitalisation en France chaque année ne représente, lui, que 6 Mrds €. Une goutte d’eau !

Caché derrière l’énorme baleine

D’où le projet de loi Pacte et ses mesures en faveur de l’épargne retraite. Ce projet a été voté en première lecture par l’Assemblée nationale le 9 octobre dernier. Sans que nous en ayons l’explication, il ne sera examiné par le Sénat qu’en mai ou juin 2019. Ce report est-il dû à la volonté d’étudier au préalable la réforme du système des retraites par l’adoption d’un système universel pour, éventuellement, revoir les dispositions en faveur de l’épargne retraite dans la foulée ?  Via le projet de loi Pacte, un véhicule d’épargne serait créé qui comprendrait trois poches : la première serait dédiée aux versements obligatoires de l’entreprise, la seconde permettrait d’engranger l’intéressement et la participation, la troisième recevrait les versements volontaires des salariés. Seule, la troisième poche pourrait faire l’objet d’une sortie en capital (par opposition à une sortie en rente). « Le projet de loi Pacte est caché derrière l’énorme ‘’baleine’’ de la réforme du régime général, ironise Julien Vignoli, directeur général délégué de Gras Savoye WTW. Il devrait rendre l’activité d’épargne retraite bien plus concurrentielle en permettant à d’autres acteurs comme les sociétés de gestion d’actifs de prendre place sur ce marché ».

En attendant, les entreprises semblent avoir pris conscience de la nécessité d’équiper leurs salariés par des dispositifs d’épargne supplémentaire : environ 60 % des structures de grande taille et 40 % des petites entités se sont ralliées à cette cause, selon Gras Savoye WTW.

Geneviève Allaire