Les préoccupations des Français vis-à-vis du système de santé

En cette période de campagne présidentielle, les Français se disent préoccupés en premier lieu par la dépendance puis par la lutte contre les déserts médicaux et ensuite par l’équilibre financier de la Sécurité sociale. C’est du moins l’un des résultats qui ressort de l’enquête 2017 du cabinet Deloitte sur « les Français et la santé ».
 

A l’idée énoncée en janvier par Martin Hirsch et Didier Tabuteau de mettre en place une assurance maladie universelle qui couvrirait l’intégralité des frais de santé, 65 % de nos concitoyens considèrent cette proposition comme « primordiale ou importante ». Sur ce plan, les trois-quarts sont favorables à la création d’une agence de contrôle pour limiter les coûts des assurances santé. Des opinions cependant contradictoires avec la manière dont ils jugent leur complémentaire santé, les Français en étant globalement satisfaits, avec un bémol néanmoins pour les remboursements des soins dentaires et de l’optique puisque seulement un peu plus de la moitié expriment leur satisfaction à cet égard. De même, ils attendent davantage de leur complémentaire santé en termes de prévention (informations et conseils, ainsi qu’accompagnement au bien vivre et au bien vieillir). Le sentiment d’une augmentation du reste-à-charge pousse les assurés à contracter une surcomplémentaire. Etonnement, 41 % des 18-24 ans ont souscrit cette couverture additionnelle contre 22 % pour l’ensemble des Français, selon l’enquête menée par Deloitte. Nos concitoyens sont d’ailleurs prêts à y consacrer 49 € par mois en moyenne, soit plus du double qu’en 2015 où cette somme était de 22 €.

Recul flagrant de la confiance
La prise en charge des services d’e-santé (téléconsultations, suivi de santé et de bien-être via les objets connectés et les applications mobiles) est plébiscitée et notamment par les 18-24 ans, 71 % ayant cette opinion. Néanmoins, la perception qu’ont les Français des nouveaux acteurs technologiques a considérablement décliné en un an : si 59 % leur accordaient leur confiance en 2016, ils ne sont plus que 38 % à le faire cette année. De même, les sites Internet et les forums spécialisés en santé semblent décevoir car ils accusent un recul de 14 points en une seule année.

 « Peut-être sont-ils déçus car ils s’attendaient à bénéficier de nombreux nouveaux services avec les objets connectés alors que l’offre est restée assez pauvre et elle est insuffisamment mature pour accompagner les services », s’interroge Camille Cardascia, Conseil en management chez Deloitte. Nombreux sont ceux qui ont testé une application ou un objet connecté en santé pendant quelques jours avant de s’en passer définitivement. Entre autres, des craintes à l’égard de la confidentialité des données personnelles et le fait que la technologie diminue les opportunités d’interaction humaine détournent les utilisateurs de ces objets. En fait, les Français y sont favorables dès lors qu’ils sont accompagnés par un professionnel de santé.

« Il revient aux complémentaires santé de proposer des services à forte valeur ajoutée, quitte à aller chercher l’individu dans son entreprise », conclut Michel Sebbane, associé conseil secteur public, santé et social chez Deloitte.
 

*Enquête réalisée du 10 au 16 février 2017 par un questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un échantillon de 2 013 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas
Chiffre en exergue : En 2017, seulement 63 % des Français se disent satisfaits de l’accessibilité aux soins contre 70 % en 2016