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20 mars 2018

La santé à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle

Dans un rapport documentaire de plus de 300 pages, rendu public ce mois-ci, l’Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé (l’IRDES) dresse un état des lieux des définitions, travaux, enjeux, perspectives et interrogations voire inquiétudes, publiés sur ce sujet par des professionnels ou institutionnels, français et étrangers. Une somme de contributions très riche.

Si les automobiles connectées ou autonomes, habitats dits intelligents, blockchain ou autres cryptomonnaies font couler beaucoup d’encre, l’arrivée du numérique et de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé bouleverse et bouleversera tout autant, voire davantage, les évolutions de nos sociétés ; dans la prise en charge des patients et la réduction des pathologies bien sûr, mais également d’un point de vue éthique. Les publications, françaises et internationales ne manquent pas sur ce sujet qui, comme toujours, comporte ses aspects positifs comme négatifs.

L’intérêt du rapport de l’Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé (l’IRDES), « La e-santé – Télésanté, santé numérique ou santé connectée », réside dans son approche comparative et synthétique des différents points de vue, permettant à chacun de nourrir ses propres réflexions et de se faire son opinion.

Le préalable de la bonne définition

Pour fixer un cadre aux écrits qu’ils a retenus, l’IRDES précise en préambule la définition qu’il a appliquée :  « le terme de e-santé – avec ses équivalents : télésanté, santé numérique, santé connectée – désigne tous les domaines où les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont mises au service de la santé, telle qu’elle a été définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1945 : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cela concerne des domaines comme la télémédecine, la prévention, le maintien à domicile, le suivi d’une maladie chronique à distance (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque …), les dossiers médicaux électroniques ainsi que les applications et la domotique ». Autant de domaines qui ont, et auront, bien sûr à terme des répercussions sur les couvertures et usages en assurance.

Dans son introduction, l’Institut souligne que, « si la e-santé apparaît de plus en plus comme une solution pertinente pour répondre aux défis que doivent relever les systèmes de santé (…), malgré l’intérêt suscité la e-santé est longtemps demeurée sous-exploitée » dans la plupart des pays de l’OCDE, notamment en France, contrairement à certains pays nordiques. Un retard que l’Hexagone aurait commencer à rattraper depuis les années 2010, selon le rapport.

Parmi les nombreux travaux compilés par l’IRDES, figure notamment le Livre blanc publié en janvier 2018 par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (Cnom), « Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle : analyses et recommandations du Cnom », qui a notamment vocation à explorer « l’impact actuel et futur des nouvelles technologies pour l’exercice de la médecine, pour la formation initiale et continue des médecins, pour la recherche médicale, et pour la place des patients dans le système de santé. Plus généralement, il appelle à identifier dès maintenant les risques que la société numérique comporte afin de les combattre tout en soutenant tous les bénéfices qu’elle peut apporter au service de la personne ».

En prendre le meilleur, en se préservant du pire

Si la communauté des médecins dans le monde n’est pas unanime sur certains sujets, le Cnom français se montre en tout cas très clair sur sa vision des évolutions en cours et futures. « La médecine comportera toujours une part essentielle de relations humaines, quelle que soit la spécialité, et ne pourra jamais s’en remettre aveuglément à des « décisions » prises par des algorithmes dénués de nuances, de compassion et d’empathie » ; « les auteurs du livre blanc estiment néanmoins que les algorithmes et l’intelligence artificielle seront nos alliés, comme un apport essentiel pour l’aide à la décision et à la stratégie thérapeutique ainsi qu’à la recherche médicale ».

Le Conseil national de l’Ordre des médecins s’est donc prononcé « pour accompagner l’ensemble de la profession, dans la diversité de ses exercices, pour renforcer sa collaboration avec les patients, et pour assurer que les nouvelles technologies soient réellement mises au service de la personne et de la société ».

Catherine Dufrêne