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12 novembre 2019

Amrae : 15eme état de l’assurance IARD et perspective 2020

Comme chaque année, depuis 15 ans, l’Amrae lève encore cette fois-ci, le voile sur le regard qu’il porte sur l’état du marché de l’assurance dommage, et se projette également en 2020. L’occasion d’acter un « retournement du marché alors qu’une année auparavant, l’organisme s’interrogeait sur les raisons pour lesquelles le marché restait compétitif dans l’Hexagone. Malgré un taux de sinistralité élevé observé chez beaucoup d’acteurs du marché. En fait, à la différence de 2018, les conditions de renouvellement sont endurcies par les porteurs de risques, hormis quelques exception liées par exemple aux branches de responsabilité civile. »

Quoi qu’il en soit, l’Amrae observe que la différence notable avec le retournement de 2001, qui s’est voulue holistique, a vu naître le concept d’une augmentation presse bouton, entendez, sans discernement, là où le retournement de phase prévu pour les années 2019-2020 se veut plus ciblé. A en croire les conclusions de l’Amrae, c’est l’occasion pour les assureurs de redresser les comptes sinistrés, redonner la rentabilité aux lignes, voire, décider de sortir de certaines branches estimées trop risquées. Selon l’organisme professionnel, « pour la première fois depuis 2001, le marché de l’Assurance connaît une hausse systématique des tarifs, le plus souvent accompagnée de baisse de la capacité des assureurs et des réassureurs. »

Le retour en force des courtiers

Au-delà de ces changements, c’est l’occasion pour l’Amrae de saluer le retour des courtiers. Hormis les lignes dites longues relatives à la RC, qui ne suivent pas ce trend général, toutes les autres ont amorcé leur redressement. Résultat : « l’équation du transfert de risque, à iso budget, s’annonce plus difficile que jamais pour les assurés qui devront sans doute accepter de revoir leurs rétentions sous forme de franchises augmentées, ou de rétentions plus importantes pour limiter les baisses de primes ». Posant son regard sur 2020, l’Amrae estime qu’il faudrait pour 2020, « prévoir des rétentions plus importantes et/ou un budget en hausse de 5 à 20 % ». Et de prévenir : « Si non, la quantité de risques transférés au marché de l’Assurance et de la Réassurance sera réduite » ; corollaire : « les entreprises porteront alors plus de risques », observe l’Amrae. En fait, nous assistons à un véritable changement de marché à l’échelle continentale, nous rentrons à minima dans un marché plus sélectif, un « hard market. »

Quid pour les acteurs ?

Selon l’Amrae, cela reste une lecture économique d’un marché de l’Assurance et de la Réassurance dont les paradigmes ont été modifiés depuis près de vingt ans. Et de rappeler que « la disparition des revenus financiers oblige les acteurs à revenir à un équilibre technique des risques. Or les ratios combinés de sinistralités dépassent les 95% chez la majorité des acteurs de l’Assurance et de la Réassurance. Depuis plusieurs années l’équation devient intenable à iso prix /isopérimètre ». Un changement qui avait été acté et annoncé dans la version 2018 de l’état de l’Iard.

Pour les professionnels du marché de l’assurance cela pousse les porteurs de risques à être plus sélectifs. « On voit sur le terrain les souscripteurs et leurs gestionnaires de sinistres, procéder à la sélection de leurs risques, la priorité allant vers ceux considérés comme « les mieux gérés, avec les moyens adéquats. » A contrario, comme on pouvait s’y attendre, ils s’éloignent des comptes structurellement déficitaires.

Quel comportement pour les mois à venir ?

L’avenir permettra-il d’accorder la part belle aux investissements dans la prévention, dans la gestion active des risques ? L’AMRAE entend aider les entreprises, à procéder à des renouvellements de leurs programmes d’assurance dans des conditions favorables. L’association met en exergue ces conditions de marché et rappelle à la fois l’importance du courtage, mais également de permettre aux assureurs de retrouver un équilibre technique. L’objectif final est d’éviter le phénomène de raréfaction de la capacité.

D’autre part, « il s’agit de ne pas laisser aux Risk Managers le goût amer de l’effet d’aubaine lors du « hard market » de 2001. Les entreprises se souviennent de cette période. Pendant près de deux décennies, elles n’ont eu aucun remords à obtenir des baisses, tant la cicatrisation était lente », observe Léopold LARIOS de PIÑA, pilote de l’observatoire des Primes et des assurances de l’AMRAE, VP en charge d’AMRAE Formation.

Analytiquement, l’Amrae aborde l’IARD et présente son état, où l’on apprend que les Dommages et les Pertes d’exploitation affichent des couvertures en légère réduction. Les franchises restent stables, hormis dans les cas de sinistralité défavorables. On voit des assureurs qui ont décidé de baisser leurs parts et du coup laissant les assurés sans couverture. « Heureusement, les courtiers interviennent pour trouver des compléments de capacité. Selon la sinistralité, la tâche est plus ou moins ardue ».

Un focus sur le marché de la construction et l’auto sont présentés dans cette étude. On y voit un marché de l’assurance décennale affichant un visage compliqué avec une évolution défavorable pour l’assuré. Une inflation tarifaire comprise entre 5 et 10 %. Enfin, le marché de l’auto affiche également une tarification à la hausse pour une inflation comprise entre 10 et 15 %. On note 4.6 M€ de coût moyen des sinistres corporels graves (+7% vs 2018) selon l’étude de la CCR. L’appétit des porteurs de risques se contracte.

En définitive, un marché IARD qui reprend des couleurs et où le courtier joue un rôle essentiel lors de la défense d’un portefeuille.

 

Emmanuel Mayega