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24 février 2017

Union sacrée autour de la blockchain

De mémoire d’assureur, très peu de projets ont pu autant fédérer les acteurs. L’alliance de l’écosystème autour de la blockchain (chaîne de blocs) est inédite. Cette volonté de faire cause commune se traduit notamment sur le terrain par les projets « Ruschlikon » dans la réassurance, et « LaBChain ».
 

Faute d’avoir pu faire l’unanimité autour de la crypto-monnaie (à savoir le bitcoin,) dont elle sert d’architecture, la blockchain est en train de réussir un tour de force dans l’assurance : réunir les acteurs concurrentiels dans les mêmes consortiums. D’un côté, le projet « B3I » ou « Blockchain Insurance Industry Initiative », lancé en octobre 2016 à l’échelle internationale, a pour vocation d’étudier la possibilité d’utiliser la blockchain en vue d’optimiser l’échange de données entre (ré)assureurs. Au terme d’un développement pilote engagé, les membres de cette initiative (lire en encadré) conduiront un projet pilote réalisant des transactions commerciales entre les sociétés membres. Si ce test est concluant, la blockchain pourra transformer l'industrie de l'assurance grâce à la mise en place d'un registre partagé d'informations contractuelles. La rationalisation de la communication et des transactions permettrait d'améliorer les processus et la qualité des services d'assurance proposés aux consommateurs. B3i prévoit de publier les premiers résultats de ses travaux en juin 2017.

Des premiers résultats prometteurs
Entre temps, le réassureur Scor, l’un de ses membres, a mis en œuvre un premier proof of concept (POC). Il s’agit d’une application interne de la Blockchain à travers une base de données sécurisée, partagée par l'ensemble des participants à une transaction déterminée. Le groupe se félicite des résultats du test effectué, qui démontrent que « la Blockchain est une technologie souple et rapide à mettre en oeuvre, qui simplifie et accélère les interactions, le statut des données étant partagé en temps réel par tous les partenaires commerciaux impliqués et source de baisse des coûts ».

En fait, le réassureur a créé un prototype de compte de réassurance pour tester l'opportunité de recourir à la blockchain dans le cadre du projet « Ruschlikon ». Ce dernier rassemble des assureurs, des courtiers et des réassureurs du monde entier. Il vise à développer l'automatisation des processus administratifs à travers la mise en oeuvre des messages standards ACORD pour les comptes techniques, les déclarations de sinistres et les comptes financiers, parallèlement à l'application de bonnes pratiques établies par la communauté constituée. 

Le régulateur associé aux expérimentations
Autre initiative de place, LaBChain a vu le jour en décembre 2015. Comme l’explique Nadia Filali, Directrice des programmes Blockchain du groupe Caisse des Dépôts, « en prenant l’initiative de ce consortium, notre volonté est d’expérimenter la blockchain, de la comprendre et de valider son caractère disruptif à travers de nouveaux services. D’ores et déjà nous fédérons près d’une trentaine de membres parmi lesquels de grands assureurs comme Allianz, Axa et autres Groupama ».
L’une des particularités de ce programme est qu’il prévoit un volet de montée en compétence des membres, et combine ensuite un « Do Tank » et un « Think Tank ». Sur ce dernier point, « nous travaillons avec le régulateur, l’objectif étant de l’associer à l’évolution de nos travaux », explique Nadia Filali. Cela est d’autant plus important que cette technologie interroge la régulation en vigueur, sachant qu’elle pourrait potentiellement y échapper.

LaBChain conduit déjà des expérimentations. C’est le cas de l’identification des partenaires impliqués dans des transactions de la blockchain. L’occasion d’évaluer les limites et la maturité d’une telle innovation en termes de performances, de gouvernance et de technologies (sont-elles adaptées aux métiers conseillés ? quel langage utiliser, quel protocole ? …)  

La place du courtage en question

Un POC (proof of concept) spécifique à l’assurance est en cours. Ce sera l’occasion d’utiliser les fameux « Smart Contracts », qui devraient permettre d’automatiser certaines activités. En fait, dans cette logique, un événement déclenche automatiquement un processus, « provoquant un dénouement irrévocable et irréversible comme par exemple l’indemnisation d’un sinistre », explique Philippe Dewost Directeur adjoint de la mission Programme d’Investissements d’Avenir, en charge de l’économie numérique. Un aspect du projet qui a mis en exergue la possibilité pour la blockchain d’évacuer les intermédiaires parmi lesquels les courtiers, de la chaîne de gestion des dommages. « Il s’agit d’une vision réductrice des changements potentiels induits par cette technologie. Certes, la blockchain devrait se traduire par une automatisation de certaines tâches, en l’occurrence, celle de back-office, sans valeur ajoutée. En revanche, le volet conseil du courtier sera conservé et probablement renforcé », analyse Philippe Dewost.
 
La profession pourra-t-elle à terme unifier ces deux initiatives, B3i/Ruschlikon et LaBChain ? LaBChain se dit ouvert…
 

Emmanuel Mayega

 

Les membres du projet Ruschlikon

Plus de 50 assureurs, réassureurs et courtiers mondiaux dont: Aon Benfield, Achmea, Aegon, AIG, Ageas, Allianz, Generali, Guy Carpenter, Hannover Re, Liberty Mutual, Lloyd’s, Munich Re, RGA, Scor, Sompo Jappan Nipponkoa, Swiss Re, Tokio Marine Holdings, XL Catlin  Zurich Insurance Group ou encore Willis Towers Watson.
 

Les membres du projet LaBChain

26 partenaires autour de la Caisse des Dépôts : Allianz, Axa, Aviva France, BNP Paribas, CNP Assurances, Crédit Agricole, Groupama, groupe BPCE, La Banque Postale, La MAIF, OFI Asset Management, RCI Bank and Services, Société Générale, ELEM, Blockchain Solutions, Cellabz, CommonAccord,IBM, Ledger,OCTO Technology, Paymium, Scorechain, Stratumn, Utocat, PME Finance, Pôle de compétitivité Finance Innovation.