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18 juin 2019

Un moindre attrait des investisseurs pour les ILS

Les Insurance linked securities (ILS), ces titres et produits dérivés permettant de transférer les risques de catastrophes naturelles à des investisseurs, sont en perte de vitesse après une désaffection déjà effective au dernier trimestre 2018.

Faisant concurrence à la réassurance ‘’traditionnelle’’, les ILS faisaient preuve d’une croissance dynamique. Mais l’appétence des investisseurs pour ce type de placement semble remise en cause : alors que l’émission d’obligations catastrophes non vie s’était élevée à 1,8 M USD au cours des trois premiers mois de chaque année depuis 2013, elle n’a représenté qu’1,1 Mrd USD lors du premier trimestre 2019. Et c’est même le montant le plus faible depuis que les ILS  se sont installés sur les marchés financiers.

Cependant, il n’y a pas là de quoi en démordre, selon Quentin Perrot, Senior Vice-President chez Willis Towers Watson Securities, expert sur les produits des marchés de capitaux : « Nous ne pensons pas que le ralentissement des émissions observé au dernier trimestre 2018 et sur le premier trimestre de cette année soit le reflet d’un changement à long terme de l’appétit au risque des marchés de capitaux. Cependant, certains investisseurs s’intéressent de plus près aux mécanismes, ce qui est tout à fait compréhensible. La qualité des données et la précision des modélisations sont considérées comme essentielles, et font désormais l’objet d’une attention particulière, des prix initiaux à la fin des transactions.[…]. Cette vigilance a abouti à une meilleure compréhension de la part de toutes les parties, cédantes incluses, ce qui a également affecté les dispositions relatives aux quittances de règlement des dommages collatéraux, qui sont désormais négociées avec une perception plus fine et réaliste des résultats potentiels sur le plan économique. »

Selon Willis Towers Watson Securities, il est majoritairement fait appel aux ILS pour couvrir les pertes consécutives à des tempêtes (Cat bonds). Par exemple, pour les seuls dommages causés par le vent, la capacité de souscription via des ILS est de 450 M USD aux Etats-Unis. Mais les ILS commencent à se tourner vers d’autres risques. Ainsi, les risques liés au terrorisme ont fait l’objet d’une première émission d’obligation ou encore une protection multirisque de diversification supplémentaire, comprenant entre autres une nouvelle couverture contre les aléas climatiques, a permis de ‘’lever’’ 50 M USD.

Dans le même temps, les rendements des ILS continuent de croître. Hors Etats-Unis, en moyenne pondérée, la hausse des obligations exposées à des risques dommages dus aux tempêtes a été de + 2,2 % et ces titres ont atteint + 6,5 % à la fin mars dernier. Suite à des pertes, les modèles actuariels très divers, essentiels pour se livrer à des estimations, soulèvent aussi des questions et gagneraient à une harmonisation qui pourrait pousser les investisseurs à acquérir des ILS, toujours selon Willis Towers Watson Securities. « L’industrie tout entière a réalisé qu’il lui fallait élever son niveau de jeu, et s’y applique actuellement. La réussite de cet effort sera essentielle au maintien et rétablissement de relations de confiance à long terme entre les investisseurs et les cédantes », ajoute Quentin Perrot.

Geneviève Allaire