Patrick FOURNIER, Hogesco

« L’assurance-crédit et l’affacturage gagnant leurs lettres de noblesse, il nous apparaît utile de créer un groupe de réflexion représentatif du crédit inter-entreprise, initié par notre commission au sein de la CSCA »

Nommé il y a un an à la tête de la commission assurance-crédit, affacturage et risques politiques de PLANETE CSCA (Chambre syndicale des courtiers d’assurance), Patrick Fournier souhaite valoriser le segment de l’assurance crédit et de l’affacturage en créant un nouvel organe.

Codes Courtage : Pour quelles raisons estimez-vous indispensable de constituer un organe d’expression pour ces professionnels ?
Patrick Fournier : La commission assurance-crédit de PLANETE CSCA est l’organe rassemblant à ce jour le plus grand nombre de courtiers spécialisés sur ce segment (une trentaine) et totalisant le chiffre d’affaires en assurance-crédit le plus élevé dans l’Hexagone (environ 300 M€ de primes). Si c’est déjà une force en soi, il me paraît indispensable d’aller plus loin via la création d’une représentativité significative afin de pouvoir s’exprimer d’une seule voix au nom du crédit inter-entreprise. Celle-ci pourrait prendre la forme d’un think tank. En effet, les pouvoirs publics n’ont pas d’interlocuteur dédié dans la profession actuellement, ce qui joue en notre défaveur. Le poste client et le crédit d’entreprise ont longtemps été considérés comme le parent pauvre de la finance. Pourtant, en 2008, quand la crise s’est déclenchée, si l’assurance crédit n’avait pas rempli sa mission, l’économie s’écroulait. Il s’en est suivi une véritable prise de conscience à son égard. Notre métier est en train de bouger et l’assurance–crédit gagne en importance. Il convient donc de valoriser l’assurance-crédit au-delà d’une commission ayant pour objet principal de dialoguer avec les porteurs de risques. Il convient également d’ajouter à cette commission l’apport des réflexions de la sous-commission des risques politiques, une activité estimée à plus de 100 Mrds USD par l’Union internationale des assureurs crédits. Notre commission demeurerait, bien évidemment, un organe de dialogue et d’échanges pour les problèmes au quotidien avec les compagnies.

Codes Courtage : Où en est le marché de l’assurance-crédit à ce jour ?
Patrick Fournier : Hors marché des particuliers, 120 000 entreprises sont éligibles à l’assurance-crédit en France. Parmi celles-ci, moins de la moitié (35 % à 40 %) ont souscrit une assurance-crédit. A ce jour, 40 % à 50 % des 700 M€ que représente le crédit entreprise sont couverts par une assurance-crédit. Il y a là un potentiel à exploiter. Le marché de l’assurance crédit reste très concentré sur trois compagnies, à savoir Euler Hermes, Coface et Atradius. Toutefois, les acteurs tels qu’AIG, Axa, Credendo Groupe et Groupama interviennent sur ce marché, chacun ayant leur valeur ajoutée sur des activités spécifiques.

Codes Courtage : Et celui de l’affacturage ?
Patrick Fournier : Particulièrement dynamique, le marché de l'affacturage a connu en France un taux de croissance supérieur à 10 % par an au cours des dernières années, atteignant même 13 % en 2014. Environ 300 Mrds € de créances sont cédés sur le marché. Avec Solvabilité II, le modèle du factor doit cependant être reconsidéré car il est très consommateur de fonds propres.

Codes Courtage : Pourriez-vous nous présenter votre cabinet, Hogesco ?
Patrick Fournier : Ouvert en 1989, Hogesco était au départ un cabinet spécialisé dans l’informatique. Je me suis ensuite tourné vers l’affacturage puis vers l’assurance inter-entreprise. Au sein de mon cabinet, nous allons proposer aux entreprises une analyse du poste client et un scoring afin d’évaluer les risques encourus. Je suis également à la tête de Credys, société de monitoring et de haute technologie qui monitore les sites web des entreprises et dont l’activité est complémentaire à celle d’Hogesco.

Codes Courtage : Comment percevez-vous votre mission de président de la commission assurance-crédit, affacturage et risques politiques à PLANETE CSCA ?
Patrick Fournier : Etant dans la profession de l’assurance-crédit depuis 1972, j’ai été témoin de ses évolutions. Avec les autres membres de la commission, nous avons des idées à concrétiser. Notre implication et notre travail avec PLANETE CSCA, qui légitime notre commission, doit nous permettre de jouer un rôle de premier plan vis-à-vis des bouleversements qui se préparent dans notre profession.