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7 juin 2019

Nicolas KADDECHE – HISCOX France

« Le courtier doit demander à l’Assureur une visite de risque afin de prévenir les incendies comme celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris »

Propos recueillis par Emmanuel Mayega
 

Code Courtage (C.C.) : L’incendie de notre Dame porte sur un élément constitutif de notre patrimoine culturel et artistique. Responsable du marché de l’Art et de la clientèle privée chez Hiscox, vous avez sûrement pu observer de près des sinistres similaires. Comment doivent-ils être gérés par le courtier ? Codes Courtage a voulu comprendre quelles sont les actions à mener par un courtier pour, non seulement, prévenir ce genre de drame mais également, les démarches à suivre si malgré toutes ces précautions, un dommage survient ?

Nicolas Kaddeche (N. K.) : du point de vue de la prévention, dans ce type de transaction, le courtier, en contact avec la compagnie, va demander une visite de risque sur le site du client. C’est l’occasion de passer en revue la qualité des équipements de lutte anti-incendie (les extincteurs sont-ils au bon niveau, y-a-t-il une détection incendie installée ? Le risque est-il maîtrisé ?). C’est également l’occasion de dérouler les différents scénarios des événements qui peuvent arriver dans le cadre d’un PCA (Plan de Continuité d’Activités) et de réfléchir à un plan de sauvegarde.

Dans l’idéal, des exercices incendie doivent être réalisés chaque année in situ, avec les collaborateurs du client. Cela permet à ces derniers d’être opérationnels en cas de sinistre et d’appliquer dès la survenue d’un sinistre, les bonnes actions de sauvetage qui peuvent être déterminantes.

La prévention et son influence sur les tarifs

C.C. : Ces actions de prévention permettent potentiellement de réduire les risques d’incendie. Ont-elles, par voie de conséquence, un impact sur votre stratégie de tarification ?

N.K. : Le client est tenu de respecter contractuellement le programme de prévention et ses différents points. En revanche, cela ne vient pas forcément modifier à la baisse les tarifs des contrats d’assurance. Le respect des points de prévention et leur contrôle organisés par le courtier réduit considérablement le risque.

C.C. : En tant qu’acteur sur le marché de l’Art et de la clientèle privée, vous êtes en prise directe avec les courtiers distributeurs. Quels sont les types de périls auxquels vous devez faire face en dehors de l’incendie à l’instar de Notre-Dame ?

N.K. : Dans nos marchés, nous couvrons des risques divers qui vont de l’incendie au vol, en passant par le dégât des eaux, le vandalisme ou encore le dommage accidentel. Notre mission est d’optimiser la protection des musées mais aussi des particuliers. Cela passe évidemment par une prévention mécanique mais aussi par des problématiques de sauvegarde.

S’agissant de vol ou d’intrusion, il est nécessaire de mettre en place des alarmes, avec une télésurveillance 24/24 ou un gardiennage. Quant aux objets précieux, ils doivent être abrités dans des coffres-forts, idéalement certifiés.

Côté incendie, nous devons identifier sa provenance potentielle et comment s’en protéger. Il faut ainsi pouvoir intervenir le plus rapidement possible, dès le départ de feu, grâce à des détecteurs de fumée et de chaleur stratégiquement positionnés, et retarder au maximum la propagation de l’incendie (avec des portes coupe-feu par exemple). Tout ce matériel technique doit être lié à un centre de télésurveillance. La capacité du courtier à conseiller le client en amont d’un éventuel sinistre constitue un élément de prévention majeur car son expertise et son écoute permettront de maîtriser le risque et de limiter la survenue d’un sinistre et son intensité.

Les bons réflexes et moyens de prévention selon Hiscox en cas de risque inondation

Pour l’assureur, il est important d’anticiper l’arrivée de l’eau et de ne pas stocker de valeurs en cave ou en sous-sol sachant que ce sont souvent les premiers lieux touchés (notamment pour les inondations par remontées de nappes phréatiques). Les œuvres d’art et les objets de valeur doivent idéalement être stockés au 1er étage pendant la période de crue. En revanche, s’ils sont malgré tout conservés dans les étages inférieurs, il faut veiller à les stocker de manière surélevée, à au moins plus de 30 cm du sol.

Par ailleurs, s’agissant des galeries d’art, et notamment les galeries parisiennes de la Rive Gauche, le stockage est souvent réalisé en sous-sol et il se peut que la galerie n’ait pas la place suffisante pour déplacer le stock au rez-de-chaussée ou au premier étage lors d’une crue. Dans ce cas, le stockage peut alors être temporairement transféré vers un autre lieu (garde-meuble, logement du client etc.) pour les pièces de valeur importantes, le temps que le danger soit écarté.

En cas de risque d’inondation avéré, il y a des actions simples mais indispensables comme couper le gaz et l’électricité ; ne pas utiliser d’appareils électriques, quitter les lieux et rejoindre les zones d’accueil ou bien si cela est impossible, se réfugier en hauteur en attendant l’arrivée des secours. Dans l’idéal il faut anticiper en gardant avec soi des vêtements chauds, des vivres et des produits de première nécessité (médicaments etc.)

Après l’inondation, il est vivement recommandé de prendre des photos et de prévenir l’assureur (le délai légal pour déclarer un sinistre est de 5 jours ouvrés), éliminer le plus rapidement possible la boue et l’eau ; nettoyer les objets qui peuvent être sauvés ; évacuer les objets détruits ou trop détériorés hors de la maison pour éviter qu’ils ne contaminent le reste ; remettre les équipements électriques en route après vérification par des professionnels compétents ; aérer régulièrement la maison : ouvrir portes et fenêtres ; mettre en route le chauffage à une température modérée et le maintenir pendant plusieurs jours car le séchage est une étape primordiale. Certaines surfaces nécessiteront toutefois probablement un traitement et une décontamination spécifique.
 

Diplômé du Magistère d’économiste statisticien et d’un DESS en statistiques et économétrie, Nicolas Kaddeche a commencé sa carrière au sein du groupe BNP Paribas. En 2011, il rejoint Inbox, société spécialisée dans le scoring et les études et applications CRM en tant que directeur de projet. Depuis 2015, il intègre les équipes d’Hiscox en tant que Responsable Marché Art et Clientèle Privée pour le marché français. Hiscox assure l’art depuis 1950. Nicolas Kaddeche est l’expert Hiscox sur les thématiques de l’art.

Emmanuel Mayega