Des outils digitaux utiles aux RH mais à perfectionner

Axée sur la technologie, une étude de Lus Laboris*, alliance international de cabinets d’avocats spécialisés en droit du travail, souligne les défis stratégiques auxquels sont confrontés les responsables des ressources humaines dans les entreprises.

Selon cette étude, on observe une évolution entre 2018 et 2019  dans les enjeux majeurs exprimés par les responsables des ressources humaines. « Il y a eu une évolution notoire dans les priorités des gestionnaires des services juridiques et des ressources humaines au cours de l’année 2019. Alors que les résultats de l’an dernier portaient sur la préparation à l’ère du digital, les résultats de cette année révèlent à quel point les RH ont des réserves à ce sujet sur le plan pratique. Autrement dit, quels sont les obstacles auxquels elles sont confrontées dans des scénarios réels de recrutement et de développement des talents ? », constate Chris Engels, président de Lus Laboris. Débusquer des talents et faire en sorte qu’ils demeurent dans l’entreprise est, en effet, une priorité pour 73 % des professionnels interrogés.

Mais le recours à la technologie peut  être défavorable aux processus de recrutement, à la gestion de la main d’œuvre à distance et à la productivité sur le lieu de travail. Seulement 37 % des entreprises déploient réellement une stratégie technologique en matière de RH.  Il est possible de faire appel à différents types de technologies pour optimiser les processus de recrutements (solutions basées sur les traits de caractère, analyses prédictives, outils d’évaluation de la capacité à collaborer, etc.). Or, souligne l’étude, force est de constater des disparités entre la vision apportée par ces outils et la réalité. Seulement 8 % des personnes interrogées recourent à l’intelligence artificielle ou à l’apprentissage automatique (Machine Learning) en vue de recruter et 37 % des entreprises ont mis en place une stratégie de technologie en RH. Alors que l’équité est reconnu comme un facteur essentiel en matière de recrutement et est considéré comme l’un des atouts de la technologie, seulement 6 % considèrent les recrutements faisant appel à la technologie comme équitables. L’étude l’explique par le fait que la technologie reflète les biais de ceux qui l’ont créée. Par ailleurs, plus l’intelligence artificielle est complexe, plus il s’avère difficile pour les recruteurs de savoir comment une décision a été prise. Malgré ces réticences, 22 % des responsables de RH interrogés utilisent la technologie tout en sachant que cette méthode comporte éventuellement des biais.

Toujours selon l étude, le grand avantage attribué à la technologie dans les recrutements est l’efficacité. Par exemple, l’utilisation de chatbots peut permettre aux candidats de prendre plus d’informations sur les postes à pourvoir et sur l’entreprise ou des algorithmes peuvent permettre de sélectionner des CV plus rapidement. Bien que ces outils ne soient pas parfaits et qu’il faut avoir en tête leurs limites, « il est fondamental que les professionnels des RH adoptent les innovations technologiques », relève Chris Engels.

Geneviève Allaire

* Etude menée auprès de 425 professionnels seniors des ressources humaines et du droit dans 25 pays d’Europe et d’Amérique du Nord et publiée dans le rapport « The world in 2020 : Forces for Changes »