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19 décembre 2017

De fortes divergences entre les systèmes de santé français et américain

Intitulé « Regards croisés sur les systèmes de santé en France et aux Etats-Unis », un colloque était organisé le 14 décembre par la Fédération française de l’assurance (FFA) et a réuni des spécialistes du financement de la santé des deux pays. Retour sur les points saillants.

Si James C. Robinson, professeur en économie de la santé à l’Université de Berkeley (Californie), reconnaît que « le système d’assurance santé aux Etats-Unis fait apparaître des inégalités et des injustices », il estime que « les assureurs santé essaient d’influer sur la qualité des soins pour y apporter des améliorations ». Pierre François, Président du Comité santé de la FFA et Directeur général de Swiss Life Prévoyance et Santé, considère que le pouvoir des complémentaires santé sur les professionnels de ce secteur est très limité dans l’Hexagone.

Des systèmes de remboursement totalement différents

Aux Etats-Unis, les assurances privées interviennent à hauteur de 50 % dans le financement des soins et des biens médicaux, les 50 % restants étant pris en charge par la sécurité sociale. En France, l’Assurance maladie couvre plus de 75 % de ces frais et les complémentaires santé en remboursent 13,3 %, le reste à charge des ménages étant de 8,3 % (données de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, la Drees, pour 2016). L’Hexagone dispose d’un outil de régulation assez puissant et normatif via le contrat responsable, ce que n’ont pas les Etats-Unis : « l’Etat a souhaité éviter les inégalités et a harmonisé les dispositions des contrats, contraignant les assureurs santé à s’inscrire dans un panier identique », ajoute Claude Le Pen, économiste de la santé à l’Université Paris-Dauphine.

Les labos et la R&D au premier plan

Outre Atlantique, Medicaid (programme de subventions publiques d’assurance maladie pour les plus démunis) « négocie auprès des laboratoires pharmaceutiques les prix des traitements et des molécules de manière assez agressive », mentionne Elizabeth J. Fowler, Vice-présidente en charge de la politique de santé au plan mondial de Johnson & Johnson. Pour sa part, François Lhoste, professeur de pharmacologie à l’Université Paris-Descartes, se demande « pourquoi les innovations pharmaceutiques ont-elles un coût si élevé ?  Le progrès, et en particulier la technologie, devrait faire baisser considérablement les prix de la R & D ». 

Un marché français trop peu bénéficiaire pour les Gafa ?

Pierre François estime qu’en France, le numerus clausus en place lors des études de médecine joue assez défavorablement en termes de négociations sur les tarifs des praticiens. Il met en avant un marché de la complémentaire santé très concurrentiel, les bénéfices des assureurs sur ce segment ayant été de 0,3 % des primes en 2016 (source : Drees). Ce qui lui fait dire : « un Gafa (surnom qui désigne les professionnels de l’Internet : Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr) ne viendra pas se positionner sur le marché de l’assurance santé en France car il ne sera pas attiré par un marché qui génère des bénéfices aussi faibles et dont la rentabilité est très limitée ».

Geneviève Allaire