Christel Bonnet, Mercer France

« Avec la mise en place de l’Agirc-Arrco, pour les plus jeunes générations, à salaire égal avec un salarié plus âgé, la pension complémentaire devrait diminuer. En général, les salariés ont vu leurs cotisations augmenter au 1er janvier 2019. »

Codes Courtage  : Les régimes de retraite complémentaire des salariés du privé, l’Agirc pour les cadres et l’Arrco pour les tous les salariés, ont fusionné le 1er janvier 2019 sous le nom d’Agirc-Arrco. Quelles sont les conséquences immédiates de cette transformation ?
Christelle Bonnet  : ce regroupement des deux caisses entraîne des conséquences multiples selon que l’on est issu de l’une ou l’autre des deux caisses : L’on constate toujours continuer à cotiser sur la même assiette ; pour autant, le découpage sera différent. Que l’on soit cadre ou non, les salariés vont cotiser de la même manière. Il n’y aura plus de différence.
Des négociations entre salariés et syndicats du patronat
D’autre part, il y a mise en place d’un système de bonus-malus et la suppression de la garantie minimale de points (GPM). D’importantes négociations ont été entamées par les syndicats du patronat et des salariés afin de définir les règles de définition de la catégorie cadre.

Codes Courtage  : quel est l’impact sur les deux familles ?
Christelle Bonnet  : En somme, cette fusion devrait avoir un impact limité sur les pensions des départs en retraite qui auront lieu à court terme, hormis l’effet du malus sur 3 ans. Pour les plus jeunes générations, à salaire égal avec un salarié plus âgé, la pension complémentaire devrait diminuer. Au-delà du niveau de pension, les salariés ont vu leurs cotisations augmenter au 1er janvier 2019. Tous les points sont transformés en points Agirc-Arrco. En termes de valeur, le point de référence sera équivalent à celui de l’Arrco en termes de valeur. Mais ne change en rien vu sous l’angle de montant. Pour autant, le nombre de points anciennement AGIRC va chuter lors de la conversion en points AGIRC-ARRCO.

Les cadres et assimilés bénéficiant de la GMP pénalisés
Quoi qu’il en soit, les cadres et assimilés bénéficiant de la GMP s’en sortent plus pénalisés. Les entreprises nous missionnent d’ailleurs en tant que conseil pour les éclairer sur les conséquences à tirer de ces changements et les mesures à prendre. Pour l’heure, la première solution envisagée  pour éviter le bonus-malus que cette fusion a entraîné est de repousser la date de départ à la retraite. Mais très peu de Français sont prêts à jouer ce jeu. Car pour éviter le malus, il faudra consentir de travailler quatre trimestres de plus ou effectuer un rachat de trimestres. Il est déconseillé de faire un rachat de trimestres si le coût est plus élevé que le malus. Le bonus n’incite pas réellement à travailler plus longtemps.

La médiatisation importante sur le bonus-malus a généré des inquiétudes chez les salariés seniors. Il faut donc nuancer l’impact du malus : car pour un non cadre ou un cadre dont le revenu à la retraite vient principalement de la pension de l’assurance vieillesse, la diminution est acceptable lorsque ce salarié veut partir au plus tôt en retraite. Sur le terrain, les salariés cherchent à partir au plus tôt en retraite. Nous devons attendre plusieurs années pour savoir si ce système influencera le comportement de départ en retraite des salariés.
 

Actuaire de l’Institut des Actuaires de Paris et diplômée de l’ENSAE (Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique), Christel Bonnet a rejoint Mercer en 2007 en tant que Principal de l’équipe Retraite, et a plus de 18 ans d’expérience dans le conseil en actuariat. Après une première expérience dans l’assurance-vie, elle s’est ensuite spécialisée sur les engagements sociaux : évaluation et comptabilisation en normes françaises et internationales, mise en place ou modification de dispositifs supplémentaires de retraite (PERCO, Cotisations définies, prestations définies) et gestion des seniors.