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22 avril 2021

« La RSE fait partie de l’ADN des courtiers »

Après de solides expériences professionnelles, notamment dans le domaine de l’assurance, Sophie Laxenaire et Valérie Loizillon ont fondé Assurance for good pour associer leurs compétences et leur vision stratégique et les mettre au service de l’impact positif. Elles s’intéressent tout particulièrement à la mise en place de démarches RSE dans les cabinets de courtage.

 

  • Pourquoi les courtiers devraient ils s’intéresser à la RSE ?

(VL) Le champ d’actions et de thématiques de la RSE est extrêmement large. La Responsabilité Sociétale des Entreprises, concept né dans les années 1960, se compose de trois piliers :

  • Le volet social qui comporte les problématiques d’inclusion, de diversité, de lutte contre toute forme de discrimination, mais aussi tout simplement le dialogue social, la QVT ou aujourd’hui le droit à la déconnexion par exemple,
  • Le volet économique, et dans un univers hyper réglementé comme l’assurance, les enjeux de conformité qui font partie du quotidien des courtiers,
  • Un volet environnemental, l’optimisation des ressources, les mesures prises pour limiter les consommations ou les réflexions sur le numérique responsable.

Nous sommes convaincues que les courtiers, quelle que soit leur taille, sont tous ensemble confrontés à ces enjeux :

  • Se développer et se différencier, et gagner des parts de marché,
  • Booster leur image, augmenter l’attractivité de leur cabinet, recruter et retenir les meilleurs talents,
  • Diversifier les profils de leurs collaborateurs, les féminiser, les rajeunir,
  • Réussir leur transformation digitale,
  • Répondre aux attentes des consommateurs, leurs clients, qui sont aussi des citoyens et des parents, et qui s’appuient de plus en plus sur des critères RSE dans leurs choix de consommation.

(SL) Le courtage présente un paysage d’acteurs très différents les uns des autres, qui doivent adresser ensemble des problématiques globales comme développer une marque employeur et accélérer la transformation digitale de leur secteur d’activité. Pour cela, ces entreprises disposent aussi d’atouts communs, la proximité, la confiance, proches des principes fondateurs de la RSE : transparence, éthique, recherche du bénéfice client.
Les courtiers sont également des acteurs locaux, et cette dimension résonne avec la notion d’espace de dialogue qu’ouvre la RSE, qui place l’entreprise au cœur d’un écosystème avec lequel elle interagit avec ses clients, ses fournisseurs, ses éventuels actionnaires, d’autres parties prenantes. Le secteur des assurances, parce que sa finalité est de protéger les personnes et les biens, est tourné vers la RSE de manière générale et naturelle, mais pour les courtiers, cela va plus loin : la RSE fait partie de l’ADN des courtiers.

 

  • Les courtiers ne feraient-ils pas déjà des actions de RSE sans le savoir ?

(VL) Certains cabinets très structurés font de la RSE de manière volontariste et organisée depuis une dizaine d’années. Ils ont engagé des politiques qui associent tous les champs internes et externes à cette démarche, voire des actions de certification et d’adhésion à des chartes, comme le Global Compact des Nations Unies.

Et pour les structures plus petites, il y a fort à parier qu’elles ont déjà mis en place des actions concrètes, ne serait-ce que vis-à-vis de leurs collaborateurs pour mettre en avant leurs valeurs ou améliorer les conditions de travail.

(SL) Leurs actions peuvent aussi porter sur la lisibilité et la transparence des contrats, et le recueil de la satisfaction des clients peut être assimilé à une action RSE. De même, être présent au sein de son territoire, participer à des réseaux ou les soutenir, tout cela constitue des initiatives de terrain, qui contribuent à la notion de dialogue avec les parties prenantes déjà évoquées.

La combinaison de ces actions éparses constitue un point de départ. Aujourd’hui, plus personne ne démarre de zéro sur ces sujets. Chaque geste de limitation des consommables, de tri, de choix des fournisseurs ou de son hébergeur de site internet, peut avoir un impact, tout comme les gestes et les décisions prises à titre individuel. Il n’est pas nécessaire de commencer par un bilan carbone pour se lancer, tous les éléments déjà mis en œuvre de manière concrète concourent à l’engagement.

 

  • En quoi structurer sa démarche RSE peut-il apporter de la valeur ajoutée à un courtier, quelle que soit sa taille ?

(VL) Souvent, des initiatives ont été prises au fil de l’eau sur des sujets auxquels le dirigeant ou ses collaborateurs sont sensibilisés. Structurer ces actions permet d’en maximiser l’impact, et renforce la transversalité. En mettant en perspective ce qui est déjà en place par rapport à des objectifs, on peut s’assurer de couvrir l’ensemble de sa chaîne de valeur, ou la compléter. Travailler de manière exhaustive permet d’obtenir un effet de levier qui améliore la performance. Dès que ce stade est atteint, la démarche RSE se met au service du développement économique, et elle apporte un retour sur engagement fructueux, plus facile à communiquer en interne et à valoriser auprès de toutes les parties prenantes.

(SL) C’est une prise de conscience qui va permettre de donner tout son sens à des initiatives souvent diluées et donc peu efficaces en termes économiques. Même si elles sont constitutives d’une démarche RSE, si elles restent peu visibles, peu lisibles, leur efficacité sera limitée.

 

  • Quelles questions se poser ou quelles premières démarches entreprendre pour commencer dès 2021 ?

(SL) Faire un état des lieux et s’appuyer pour cela sur des dispositifs auto-porteurs permet de sortir d’un questionnement interne, et de disposer d’un profil ou d’un scoring. Ces référentiels existants prennent une photo de l’organisation, à rendre publique ou non.

(VL) Ce diagnostic permet de penser à tous les aspects de la RSE, et parfois l’entreprise peut se rendre compte que la revue est plus large que ce qu’elle pensait. Une structure plus importante peut, à l’occasion de cet « audit », se rendre compte que ses actions de sensibilisation ou de formation sont prises en compte dans la démarche globale. Le processus est le même pour s’engager dans une labellisation. Cela vaut la peine de considérer l’ensemble des champs qui vont être couverts par les questionnaires.

(SL) Dans le domaine de l’assurance et du courtage en particulier, presque toutes les entreprises pourraient se prévaloir d’avoir 100% de leurs collaborateurs sensibilisés, aux fondamentaux et enjeux de la RSE. Interroger ses salariés est aussi une bonne pratique, pour leur permettre d’apporter leurs idées et des innovations. Ce potentiel reste souvent inexploité, alors que de nombreux collaborateurs seraient prêts à s’impliquer professionnellement dans ces sujets.

(VL) Quand les solutions émergent des équipes, pour un nouveau produit, un nouveau processus qui intègre des éléments de RSE, cela devient très intéressant. On passe d’une démarche portée par la direction générale à des projets collaboratifs, avec une vision partagée. Contrairement aux années 2000, dans lesquelles les grandes entreprises se lançaient dans le financement de fondations, aujourd’hui les initiatives ne sont pas à côté du business, mais embarquées.

(SL) Une fois lancée, une entreprise ne revient plus en arrière : elle adopte une dynamique d’amélioration continue. Engager sa transformation oblige à poser ses objectifs et à les afficher. S’ils sont atteints, de nouveaux challenges seront relevés, s’ils ne le sont pas, des actions correctives s’imposent. Progressivement, cet axe de développement fait pleinement partie de la stratégie de la structure. Initier le premier cadre est la partie la plus délicate, ensuite cela suit son cours.

(VL) En suivant une méthodologie dans un cadre bien défini, mettre en place une stratégie RSE se gère en mode projet, ce que savent très bien faire les acteurs de l’assurance.

 

Propos recueillis par Céline MESLIER

 

Pour aller plus loin, répondez à notre enquête flash « la RSE et moi ! »