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14 décembre 2020

Les dispositifs liés au soutien du Crédit Inter-Entreprises et de l’assurance-crédit : un casse-tête pour éviter un « casse-pipe »

Après la crise de 2008, et celle du Covid 19, quelles leçons tirer de ces crises et comment l’assurance-crédit peut anticiper l’improbable ? Patrick FOURNIER, Président de la Commission Assurance-Crédit de PLANETE CSCA analyse la situation actuelle.

En février 2008, la crise était d’origine financière, puis économique et gérée comme telle. A contrario, la crise actuelle est une crise économique provoquée par un évènement sanitaire, la Covid, ce qui la rend brutale et sans précédent puisqu’elle touche en même temps l’offre et la demande et tous les pays.

Soulignons toutefois que cette première crise de 2008 a permis de révéler le poids et le rôle prépondérant de l’assurance-crédit dans le mécanisme du crédit inter-entreprises, importance soulignée notamment dans un rapport de 2013 de l’Inspection générale des Finances.

1. Situons l’importance de l’assurance-crédit
• C’est moins de 10 compagnies d’assurance qui influent sur plus de 350 Mrds €, soit plus de 50 % du crédit inter-entreprises.
• C’est plus de 3000 Mrds € de garanties (engagements) délivrées par ces assureurs, pour moins de 10 Mds € de fonds propres cumulés.
Soulignons que les garanties accordées sont soumises à des sinistres (Insolvabilité de droit tel que sauvegarde, Redressement et liquidation Judicaires) et donc à des indemnités, qui dans le contexte actuel, heurteront les limites financières des assureurs-crédit, très encadrées par ailleurs notamment par la norme Solvabilité 2.
On imagine bien les fragilités qui se dessinent et les actions menées par les assureurs pour résister et gérer cette crise et leur métier.

2. Les décisions d’accompagnement de l’Etat
En 2020 et à l’appui de l’expérience acquise, les instances ont très vite réagi.
Il est utile de citer, que pour la première fois dans notre histoire, la santé humaine a devancé les intérêts économiques.
Des décisions pratiquement immédiates ont été prises sur deux axes stratégiques:
• La mise en place de prêts garantis par l’Etat (PGE) à hauteur de 300 Mrds € afin de sécuriser au mieux les problèmes de trésorerie inévitables.
• Un soutien à l’assurance-crédit, pilier du Crédit-Interentreprises avec l’activation d’une réassurance publique de 15 Mrds €.
Le soutien de l’Etat s’est traduit par la mise en place de Cap Etat puis Cap relais. Ces décisions, aussi fortes et novatrices qu’elles soient, devaient impérativement répondre aux besoins de garanties indispensables aux acteurs que sont les entreprises, au risque d’une aggravation de la crise , d’une hausse considérable des dépôts de bilans et, par un effet domino, du chômage.
A ce jour selon nos sources le dispositif CAP Etat est utilisé à moins de 10 % du fait de son coût trop élevé et d’un délai d’utilisation trop court pour le Cap Relais (31/12/2020).

3. Le courtage spécialisé en assurance-crédit , sa représentativité , ses actions
Les courtiers spécialisés quant à eux sont le réseau majeur de distribution de l’assurance-crédit. Ils représentent plus de 60 % des contrats des compagnies.
A ce titre, les courtiers sont aussi l’interface entre les compagnies, les entreprises clientes qu‘ils représentent, mais aussi les clients de ces entreprises assurées.
Soit près de 3 millions d’entreprises, qui sont concernés par les décisions de garantie des assureurs-crédit.
Cette triple représentativité est insuffisamment exploitée, ce qui dans le contexte présent et à venir est dommageable.
PLANETE CSCA par le biais de la commission assurance-crédit et donc des courtiers spécialisés a aussi créé un « Observatoire des Garanties ».
Cet observatoire est un signal représentatif de données concernant donc plusieurs millions d’entreprises en France.
Nous avons tous et toutes été alertés avec pessimisme sur la vague de sinistres annoncés. Notre devoir est d’être au côté des clients et d’être force de propositions et de soutien.

4. L’aspect trésorerie
Ne négligeons pas la trésorerie des entreprises qui, dopée par les PGE, ne tarderont pas à revenir à l’utilisation des financements proposés par les sociétés d’affacturage ; celles-ci financent en effet l’équivalent de 260 Mrds € à l’appui des garanties délivrées par les assureurs-crédit.
Sans assurance qui garantit ces échanges, le financement restera compromis, ce que tous les acteurs souhaitent éviter.
Ce constat entraine de facto la nécessité d’une analyse attentive du poste clients de chaque entreprise afin de trouver les solutions de trésorerie qui seront nécessaires dans les mois à venir pour accompagner la reprise, malgré les PGE et autres aides.

En conclusion à moyen terme, il faudra tirer des leçons et des enseignements de cette crise.
L’insuffisance des fonds propres des PME est un mal récurrent qu’il conviendrait de traiter. En premier lieu, il faut aider les PME à conforter leurs fonds propres grâce à leurs résultats et imaginer une fiscalité plus adaptée (gagnant/ gagnant).
Pérenniser ; la protection des échanges entre entreprises doit être consolidée et développée par le biais de l’assurance-crédit. Le savoir-faire des compagnies et des sociétés de renseignements commerciaux, voire des crédits managers, si elle fonctionne bien dans un contexte « normal », ne suffit pas en temps de crise.
Créer un organe du Crédit inter-entreprises (à l’image de l’Observatoire des délais de paiement) qui réunirait les acteurs de ce pilier de l’économie court terme (assureurs crédit, Factors, courtiers, AFDCC (association des Crédit manager), BPI, BDF, Trésor Bercy, etc… Nous avons en octobre 2019, réussi à réunir, 15 compagnies d’assurance-crédit et sociétés d’affacturage sur les 19 que compte la place, pour réfléchir sur la création d’un Observatoire du Crédit-Interentreprises. L’accueil a été excellent.
Ne dit-on pas jamais deux sans trois ? Mieux vaut donc prévenir que guérir et se retrouver face aux mêmes problèmes lorsque surviendra la prochaine crise. Il serait utile d’anticiper un plan d’urgence qui serait justement activé en temps de crise. Animé et géré par l’Etat, avec l’appui du savoir-faire des acteurs dont les courtiers spécialisés ce plan permettrait de protéger le crédit inter-entreprises et de ne pas altérer brutalement l’économie.

Ces réflexions et problèmes affrontés dans un contexte exceptionnel démontrent la pertinence et la nécessité de structurer les acteurs du Crédit interentreprises, dont les courtiers spécialisés bien entendu, pour le bien de notre économie et de l’emploi, et sans position partisane.