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16 mars 2018

Le point sur 2017 et les perspectives 2018 de la Fédération Française de l’Assurance

La FFA a tenu ce 15 mars sa traditionnelle conférence de début d’année afin de faire un état des lieux sur tous les chantiers en cours, l’évolution du secteur et les enjeux à relever. Retrouvez ci-dessous un premier point sur l’environnement global dans lequel l’assurance française s’inscrit aujourd’hui, puis un focus sur les assurances de dommages et un autre sur les assurances de personnes.   

 

Des chantiers tous azimuts, dans un environnement incertain

Le 15 mars 2018, la Fédération Française de l’Assurance (FFA) présentait son traditionnel bilan de l’exercice passé avec de premières estimations chiffrées sur l’état du marché, et fait part de ses positions sur les nombreux chantiers qui occupent la profession actuellement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les assureurs ne sont pas tout à fait « en phase » avec les pouvoirs publics sur un certain nombre de sujets. 

Bernard Spitz, Président de la Fédération Française de l’Assurance (FFA), s’est déclaré « heureux » en présentant le bilan (provisoire) des résultats du marché en 2017, avec le « sentiment du devoir accompli ». Même si, dans le cas de l’ouragan Irma (1,86 Md€ de dommages assurés et 25 000 sinistres), il a admis de la part des assureurs un « retard dans la réactivité d’une cinquantaine de jours », dus notamment aux difficiles conditions d’accès sur zone et à l’identification de certains propriétaires ; mais retard que les assureurs sont « en train de rattraper », les trois quarts des sinistres étant aujourd’hui enregistrés (lire l’article « En dommages, des cotisations en hausse mais des ratios combinés toujours élevés »).

Une année 2018 qui s’annonce dense

Soulignant que depuis le Brexit, la France était devenue le premier marché de l’assurance de l’UE (avec 208 Md€ de chiffre d’affaires), les cotisations ont pourtant été stables l’an passé (-0,1%), quand les prestations ont, elles, été en hausse (+5,1%). Une moyenne en trompe l’œil, comme souvent, qui masque des réalités contrastées en fonction des branches (cf encadré). Globalement, le Président de la FFA a souligné la croissance économique « forte » en France et une reprise sur le marché des entreprises, y compris en construction, « après cinq années atones » et malgré des freins structurels persistants (chômage, balance commerciale dégradée, poussées protectionnistes…), un environnement de taux qui reste historiquement bas et une politique monétaire qui favorise l’instabilité financière. Et, pour 2018, l’environnement va rester compliqué, du fait notamment d’incertitudes macro-financières (avec un niveau d’endettement des agents privés élevé : 58% du PIB pour les ménages et 72% pour les entreprises ; la volatilité des marchés financiers ou encore les incertitudes concernant le dollar sur le marché des changes), des populismes et politiques protectionnistes de toutes sortes à travers le monde, le tout avec en toile de fond une année à nouveau chargée en termes de réglementations à mettre en œuvre.

Vers un nouveau régime Cat’ nat’

Sur ce dernier aspect, Bernard Spitz s’est notamment montré particulièrement virulent à l’encontre des exigences inscrites dans Solvabilité II, totalement opposées aux objectifs de redynamisation de l’économie, et entend bien peser de tout son poids auprès des autorités lors de la ‘clause de revoyure’ prévue cette année. Plusieurs autres chantiers vont occuper les assureurs en 2018. Outre la mise en place de la DDA et du RGPD, ils vont notamment plancher, avec les pouvoirs publics, sur la réforme du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles (prévue pour le second semestre). Parmi les propositions de la FFA, dont l’objectif global est d’en faire un système plus équitable et favorisant la prévention, figurent notamment la prise en charge des frais de relogement, la simplification des franchises et même leur plafonnement pour les TPE, ou encore la mise en place d’un suivi des plans de prévention des risques naturels par département. D’autres réformes ou nouveautés sont attendues dans le courant de l’année, qui concernent surtout les assurances de personnes (lire l’article « Les projets de la FFA pour les assurances de personnes »). En tous cas, pour la FFA, le Top 5 des risques pour 2018 classe, en premier, le cyber-risque, devant l’instabilité financière, le changement climatique, la politique internationale et l’avalanche réglementaire.

Assurance construction : tous concernés

Interrogé sur les récents retraits d’assureurs construction qui opéraient en Libre prestation de service (LPS) sur le marché français (Lire l'article sur le sujet ICI, ICI et ICI), Arnaud Chneiweiss, Délégué général de la FFA, a estimé que, plus qu’une remise en cause du régime de la LPS, cela pose la question plus large des risques/branches à déroulement long, telle la RC médicale ou Environnement. Sur le cas spécifique des récents départs en construction, il a estimé que personne n’était « blanc-bleu » sur le marché, ni les autorités de supervision, ni les assureurs, ni les commissaires aux comptes, ni certains intermédiaires… « Nous étudions de très près la situation car des assurés pourraient se retrouver dans des situations difficiles », a-t-il conclu sur le sujet.

Catherine Dufrêne

 

2017 en quelques chiffres clé
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Et aussi…

  • 37 millions de bénéficiaires d’une assurance vie
  • 18 millions de personnes couvertes par une complémentaire santé
  • 42 millions de véhicules assurés
  • 40 millions d’habitations assurées
  • 2,1 millions d’entreprises assurées
  • 366 000 exploitations agricoles assurées

 

En dommages, des cotisations en hausse mais des ratios combinés toujours élevés

L’année 2017 a été marquée par une succession d’événements climatiques qui ont pesé sur les résultats. La facture globale (cyclone Irma mais aussi inondations, sécheresses, séismes, tempêtes, grêle, neige ou encore dommages agricoles) est estimée à 3 Md€, soit une hausse de 13% par rapport à 2016. Une tendance qui s’est poursuivie en ce début 2018.

« Le climat est un risque stratégique pour l’assurance et la réassurance », a martelé Bernard Spitz, Président de la FFA lors de la conférence, rappelant les importants travaux de la fédération sur ce sujet (Consulter les deux études sur le sujet ICI et ICI). En 2017, le poids des aléas climatiques dans les indemnisations versées en assurance dommages a ainsi atteint 7,4%, en progression constante depuis trois ans (4,8% en 2015 puis 6,7% en 2016). Outre l’ouragan Irma, particulièrement coûteux et qui a concentré un ensemble de difficultés pour les assureurs (accès difficile aux zones sinistrées, manque de main d’œuvre, complexité des expertises…), c’est l’accélération de la fréquence qui, sur la durée, pèse surtout sur les résultats.

En auto, le coût des corporels continuent d’augmenter

En auto, si la fréquence, tant en dommages matériels que corporels, est en baisse, les coûts des sinistres poursuivent, eux, leur inflation, avec en particulier une hausse moyenne de 4% par en corporels. Concernant les accidents matériels, l’augmentation est surtout liée aux équipements et pièces de rechanges de plus en plus sophistiqués et connectés, donc plus chers. « En auto, cela fait maintenant dix ans que le ratio combiné est supérieur à 100% », a commenté Bernard Spitz, démontrant que les niveaux de primes restent insuffisants pour couvrir les sinistres. Il s’est néanmoins légèrement amélioré en 2017, passant à 102% (contre 105,4% en 2016). En MRH en revanche, il s’est dégradé, passant de 93,6% à 96,6%.

En matière de gestion de sinistres, Bernard Spitz a évoqué la nouvelle convention IRSI (Lire l'article sur le sujet), applicable à compter du 1er juin 2018, et qui constitue à ses yeux une réelle avancée. Enfin, il est également revenu sur le risque cyber, considéré comme un véritable risque, même si l’Europe accuse dans ce domaine un très net retard (0,23 Md$ de primes en 2016 en Europe contre 2,75 Md$ aux Etats-Unis).

Catherine Dufrêne

 

Chiffres clés des dommages aux biens en 2017

Cotisations (affaires directes, en Md€)

  • Professionnels : 20,2 (+2,4%)
  • Particuliers : 34,2 (+2,3%)

Dont

  • Automobile : 21,1 (+1,8%)
  • MRH : 10,5 (+2,6%)
  • DAB des professionnels : 6,4 (+0,6%)
  1.        Dont construction : 2,1 (+2%)
  2.        DAB agricoles : 1,3 (+3,1%)

Sinistralité
13,4 millions de sinistres dont

  • En auto : 23 430 matériels et 470 corporels
  • En habitation : 9 000 (dont 1470 liés aux événements climatiques ; 3 240 dégâts des eaux, 970 cambriolages ; 530 incendies)
  • En entreprise : 3800 (dont 2700 en dommages et 1100 en RC)

 

Lire aussi : Les projets de la FFA pour les assurances de personnes