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Santé mentale en entreprise : une prise de conscience freinée par la stigmatisation

Une récente étude menée par Mercer Marsh Benefits, en collaboration avec YouGov et le think tank CRAPS, révèle que la santé mentale demeure un sujet tabou en France, notamment dans le monde professionnel. Malgré une sensibilisation croissante, les freins à une discussion ouverte persistent.



Selon cette enquête réalisée auprès de plus de 2 000 personnes représentatives de la population française, 85 % des répondants estiment qu’il est plus facile de parler d’une maladie physique que mentale. Ce constat souligne une stigmatisation encore très présente, en particulier sur le lieu de travail, où près de 60 % des salariés ne se sentent pas à l’aise pour aborder le sujet avec leurs collègues.

Les jeunes générations, bien qu’exposées à davantage d’informations sur la santé mentale via les réseaux sociaux, rencontrent elles aussi des obstacles. Près de 41 % des moins de 25 ans déclarent ne pas pouvoir en parler librement dans leur environnement professionnel, par crainte d’être jugés. Dans la sphère privée, ce chiffre atteint 32 %.

L’étude met également en lumière des disparités selon le genre. Seules 25 % des femmes interrogées affirment pouvoir discuter de leur santé mentale avec leur manager, contre près de 40 % des hommes. Cette différence révèle une pression sociale plus forte exercée sur les femmes dans le cadre professionnel.

Un autre point préoccupant concerne la perception des capacités des personnes souffrant de troubles mentaux. Un Français sur deux pense qu’elles ne peuvent pas exercer de responsabilités hiérarchiques. Ce préjugé contribue à leur marginalisation et à leur difficulté d’insertion professionnelle.

Camille Mosse, Directrice Technique et Offre de Mercer Marsh Benefits en France, souligne que « les employeurs peuvent contribuer à remédier à cette situation en créant une culture ouverte, en proposant une formation sur la santé mentale, en mettant en œuvre des programmes d’assistance aux employés et en promouvant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ».

Stéphanie Laffargue, Directrice associée de YouGov France, ajoute que « cette enquête révèle une société en transition : si le déni recule, l’acceptation totale, le dialogue ouvert et le soutien concret restent encore à construire ».

Enfin, Anaïs Fossier, Directrice des Études et des Relations Publiques du CRAPS, insiste sur l’urgence de « changer de regard et de faire de la prévention, de l’écoute et de l’accompagnement des dimensions centrales, aussi bien dans la sphère professionnelle que dans la société tout entière ».