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Baromètre 2025 : la santé des dirigeants de PME se dégrade à nouveau

La Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab ont publié leur baromètre annuel sur la santé des dirigeants de TPE, PME et ETI, avec un focus inédit sur les consommations à risque.



Réalisée au printemps 2025 auprès de 1 515 dirigeants, cette édition marque une rupture : pour la première fois depuis la crise sanitaire, la santé physique et psychologique des chefs d’entreprise montre une nette dégradation.

Une santé physique fragilisée

Si 85 % des dirigeants se considèrent encore en bonne santé physique, 82 % déclarent souffrir d’au moins un trouble physique ou psychologique, soit une hausse de 11 points en un an. Les maux les plus fréquents sont le mal de dos (52 %), les troubles du sommeil (48 %) et les troubles anxieux (48 %). Ces chiffres traduisent une fatigue généralisée, accentuée dans certains secteurs comme l’agriculture (91 %) et la santé/social (88 %).

Une forme psychologique en nette baisse

Le baromètre révèle également une baisse de la forme psychologique : seuls 68 % des répondants se déclarent en bonne santé mentale, contre 76 à 80 % les années précédentes. Un dirigeant sur trois évoque une mauvaise forme psychologique, avec des écarts notables selon les secteurs d’activité, la part du capital détenue, ou encore l’ancienneté de l’entreprise.

Un renoncement persistant aux soins

Malgré des signaux préoccupants, les dirigeants continuent de négliger leur suivi médical. Un tiers d’entre eux a renoncé à consulter un professionnel de santé au cours de l’année, principalement par manque de temps. Plus inquiétant encore, 11 % n’ont jamais recours à un médecin, un taux qui grimpe à 18 % dans l’hôtellerie-restauration.

Focus sur les consommations à risque

Cette édition 2025 introduit une analyse des consommations d’alcool, tabac, drogues et médicaments. Les résultats sont éclairants :

  • 52 % des dirigeants consomment de l’alcool au moins une fois par mois (dont 65 % de manière hebdomadaire), un niveau comparable à la moyenne nationale.

  • 21 % fument (cigarette ou vapotage), un taux équivalent à celui des Français.

  • Seuls 5 % prennent des médicaments contre l’anxiété ou la dépression, un chiffre très inférieur à la moyenne nationale (21 %).

  • 2 % déclarent consommer des drogues illicites (vs. 3,4 % dans la population générale).

En tout, 23 % des dirigeants présentent une consommation à risque, définie par des seuils précis (alcool, tabac, drogues, médicaments).

Une perception minimisée de l’impact professionnel

Parmi les dirigeants concernés par une consommation à risque, très peu estiment que cela nuit à leur entreprise : seuls 8 % perçoivent un impact négatif sur leur quotidien, et 4 % sur leur activité. Certains déclarent même y voir des effets positifs, comme une meilleure relation client ou une hausse du chiffre d’affaires.

Addiction : un tabou persistant

Un quart des dirigeants reconnaît avoir souffert ou souffrir d’une addiction, mais seule une minorité a fait appel à une aide extérieure. La majorité choisit de faire face seule, une tendance qui pourrait s’expliquer par la crainte de fragiliser leur image ou celle de leur entreprise.

Ce baromètre met en lumière une réalité souvent tue : la santé des dirigeants est fragilisée. Ces femmes et ces hommes, piliers de l’économie, montrent des signes d’essoufflement qu’il convient de prendre au sérieux. Leur bien-être, au-delà d’une question individuelle, est un enjeu stratégique pour la pérennité des entreprises.