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Dépassements d’honoraires médicaux : un enjeu croissant pour l’accès aux soins

Le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) a publié début octobre 2025 un rapport approfondi sur les dépassements d’honoraires pratiqués par les médecins en France.



Ce document dresse un état des lieux préoccupant, révélant une dynamique de hausse continue qui impacte directement les patients et le système de santé.

Une progression soutenue depuis 2019

Les dépassements d’honoraires ont atteint 4,5 milliards d’euros en 2024, dont 4,3 milliards pour les seuls spécialistes. Cette augmentation, de l’ordre de +5 % par an en valeur réelle depuis 2019, marque une accélération par rapport à la décennie précédente. Le phénomène est principalement porté par la montée en puissance du secteur 2, où les médecins fixent librement leurs tarifs. En 2024, 56 % des spécialistes exercent dans ce secteur, contre 37 % en 2000. Parmi les jeunes médecins nouvellement installés, cette proportion atteint 74 %, faisant du secteur 2 une norme pour les nouvelles générations.

Des disparités selon les spécialités et les territoires

Le rapport souligne que les dépassements varient fortement selon les spécialités médicales. Ils représentent plus du tiers des revenus pour les anesthésistes, chirurgiens, dermatologues, gynécologues, ophtalmologues, psychiatres et stomatologues. À l’inverse, les spécialités techniques comme la radiologie ou la médecine nucléaire, dont les revenus sont déjà élevés, recourent moins aux dépassements.

Les écarts géographiques sont également marqués : à Paris, le montant moyen des dépassements par patient est quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Les patients âgés de 70 à 79 ans paient en moyenne deux fois plus que ceux de 30 à 39 ans. Ces inégalités territoriales et générationnelles posent un problème d’équité dans l’accès aux soins.

Un impact direct sur les ménages

Les dépassements d’honoraires représentent une part significative du reste à charge des ménages. Après remboursement par l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et complémentaire (AMC), ils constituent environ 14 % du reste à charge total. Ce chiffre monte à 20 % pour certains actes ou épisodes de soins. Les patients les plus modestes, bien que théoriquement protégés par la complémentaire santé solidaire (C2S), restent exposés en raison du non-recours ou de la méconnaissance de leurs droits.

Une régulation insuffisante

Depuis les années 2010, la régulation des dépassements repose sur des dispositifs facultatifs comme le CAS, remplacé en 2017 par l’OPTAM et l’OPTAM-CO. Bien que ces mécanismes aient freiné la progression des dépassements pendant une décennie, leur efficacité semble aujourd’hui limitée. Le rapport du HCAAM appelle à une réflexion urgente sur des réformes structurelles pour encadrer ces pratiques et garantir l’accès équitable aux soins.

Les dépassements d’honoraires ne sont plus un phénomène marginal. Ils traduisent des déséquilibres profonds dans le financement des soins, la rémunération des professionnels et l’accès des patients. Le rapport du HCAAM met en lumière l’urgence d’une régulation renforcée et d’une réforme du système tarifaire pour préserver les principes de solidarité et d’égalité qui fondent l’Assurance maladie.