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3 décembre 2021

Perspectives négatives en non-vie et stables en vie pour 2022, selon Moody’s

La fréquence des sinistres et l’inflation pèsent sur les assureurs dommages opérant en Europe, estime Moody’s Investors Service qui attribue pour 2022 à l’assurance non-vie des perspectives négatives et des perspectives stables pour l’assurance vie dans cette zone.

L’agence de notation anticipe une croissance des économies européennes à un rythme régulier en 2022 qui soutiendra les ventes d’assurances vie et IARD et des défaillances d’entreprises qui devraient rester inférieures aux niveaux enregistrés juste avant la pandémie, ce qui aura pour effet de limiter le risque de détérioration de la qualité des actifs et des capitaux des assureurs. Les produits intérieurs bruts pourraient dépasser les niveaux de 2019 d’ici la fin 2022 dans les grands pays européens, avec des taux de chômage qui resteront stables ou seront en diminution, anticipe Moody’s Investors Service, ce qui serait favorable à l’assurance dommages et à ses volumes de vente. L’agence de notation table sur des rendements des placements des assureurs vie qui continueront de diminuer l’an prochain à cause des taux d’intérêt qui se stabilisent mais demeurent bas. Dans une optique de compensation, les assureurs poursuivent leur démarche d’optimisation de la composition de leurs portefeuilles et de leurs affaires nouvelles.

Une population vieillissante

La reprise économique et les efforts du secteur pour optimiser son mixte d’activités valent à l’assurance vie de se voir attribuer des perspectives stables pour l’année prochaine de la part de Moody’s Investors Service. Les porteurs de risques d’assurances de personnes devront néanmoins faire avec des risques politiques qui pourraient agir au détriment des tendances démographiques qui leur sont favorables.  En effet, le vieillissement de la population européenne alimente la demande de couvertures et de produits retraite et la pandémie a entraîné une véritable prise de conscience de la nécessité d’être couvert avec une assurance d’un bon niveau. En assurance vie, les assureurs augmentent sensiblement la part des produits en unités de compte, insensibles aux taux, dans leurs affaires nouvelles en vue de contrer la faiblesse des taux d’intérêt sur les marges d’investissement. Ils réduisent également les risques sur les portefeuilles d’affaires en cours en incitant les assurés à se tourner vers des produits moins sensibles aux taux d’intérêt.

De l’avis de Moody’s Investors Service, les sinistres liés à la pandémie devraient rester limités les prochains mois. Les gouvernements d’Europe ont pris en charge la plupart des coûts liés à la pandémie mais cela a entraîné une augmentation des dettes souveraines qui pourrait contraindre les pouvoirs publics à rechercher des solutions du côté du secteur privé de la couverture des risques. A l’inverse, en France, le gouvernement étudie la possibilité d’étendre la prise en charge de la Sécurité sociale aux risques couverts par les complémentaires santé. Il a demandé aux opérateurs de la complémentaire santé de geler les hausses de prix pour 2022 et s’est aussi tourné vers les acteurs de l’épargne retraite en plaidant pour une réduction des frais liés à ces produits. Moody’s Investors Services considère qu’en Allemagne et en France, les demandes d’indemnisation pour interruption d’activité auxquels les assureurs ont répondu en ordre dispersé après le déclenchement de la pandémie ont entaché l’image de marque des assureurs.

Début de cycle tarifaire en non-vie

De son côté, l’assurance dommages est confrontée à une érosion des bénéfices sur le segment des particuliers en raison de la concurrence et de la hausse de la charge des sinistres, ainsi que d’un risque environnemental élevé. Moody’s Investors Service pense que « La concurrence dans le secteur de l’assurance dommage des particuliers retardera probablement les augmentations de prix nécessaires pour compenser la fréquence accrue des sinistres et l’inflation. La dynamique de tarification est plus positive dans l’assurance dommage des entreprises, mais les assureurs sont confrontés à la hausse des prix de la réassurance et aux risques liés au climat ». L’agence de notation perçoit le début d’un nouveau cycle tarifaire en non-vie, marqué par une fréquence des sinistres qui revient à un niveau habituel et par une inflation en hausse. Les libellés des polices ont été révisés afin d’éliminer les demandes d’indemnisation pour interruption d’activité liées à la pandémie. Après une année 2020 où elle avait fortement diminué à cause des mesures sanitaires, la fréquence des sinistres automobiles a crû cette année mais elle est restée inférieure aux niveaux pré-pandémiques. L’agence de notation révèle qu’en 2021, les assureurs ont enregistré un petit nombre de sinistres supplémentaires liés au Covid, ce qui a été positif pour leurs ratios combinés.

Dans le contexte actuel, l’agence de notation met en lumière l’importance d’offrir de nouveaux services aux assurés par le biais de l’innovation. Cela peut, entre autres, prendre la forme d’acquisitions et de partenariats. Des stratégies que ne devraient pas manquer de suivre les assureurs en 2022 afin d’adapter leurs modèles sur le plan commercial, comme l’anticipe Moody’s Investors Service qui met l’accent sur le caractère crucial de l’innovation, au risque d’une réduction des bénéfices s’ils ne vont pas dans ce sens. Moody’s Investors Service rapporte également que les assureurs explorent de plus en plus la possibilité de vendre des portefeuilles dans une optique de réduction de leur exposition aux risques lorsqu’ils comportent des taux garantis élevés.

Enfin, Moody’s Investors Service estime que les assureurs positionnés sur le marché des particuliers en IARD feront face à un triple enjeu en 2022. Non seulement la réouverture des économies va générer une hausse de la fréquence des sinistres mais l’inflation restera élevée en 2022 et aura pour conséquence d’augmenter le prix moyen des sinistres. Enfin, une concurrence intensifiée dissuadera les assureurs de procéder à des augmentations de tarifs.

Geneviève Allaire