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4 octobre 2021

L’assurance-santé animale, nouveau segment de croissance pour les assureurs ?

Souvent vu comme un produit d’appel, l’assurance « Chien/Chat » ou « NAC » pour Nouveaux Animaux de Compagnie, aurait-elle un potentiel susceptible de se réaliser prochainement ? Laurent Lazard, Consultant en stratégie & innovation, décrypte les sous-jacents de ces produits, qui pourraient susciter un engouement croissant des consommateurs comme des porteurs de risques, dans les années à venir.

Qu’entend-on par l’assurance-santé animale ?
L’assurance santé animale plus communément appelée par les assureurs, l’assurance « chien/chat » pour les animaux domestiques les plus répandus et « NAC » pour les Nouveaux Animaux de Compagnie moins connus, que peuvent comprendre les lapins, furets, chinchillas et autres, a toujours fait sourire les porteurs de risques et grands courtiers. En effet, ces opérateurs y voyaient plutôt un gadget, un outil marketing pour acquérir un prospect ou fidéliser un client plutôt qu’une vraie ligne de business importante et rentable. Aujourd’hui, certains assureurs se posent des questions : et si ce marché devenait un réel marché avec un potentiel de millions d’assurés ?

Quelles sont les données sur ce marché ?
Si on examine les chiffres, ce domaine d’activité devrait connaître une forte croissance. La France a le parc animalier le plus important d’Europe avec plus de 65 millions d’animaux de compagnie, dont environ 8 millions de chiens et 12 millions de chats. Or, le taux d’équipement en assurance est de 5% en France, alors qu’il est de 20% au Royaume-Uni et de 80% en Suède.
En parallèle, les dépenses pour soigner ces « compagnons » ont augmenté de plus de 60% ces trente dernières années. Cela est dû d’une part à l’inflation des frais de soins vétérinaires, qui ont augmenté de plus de 70% ces dix dernières années et cela va surement s’aggraver avec l’arrivée d’outils de détection de plus en plus sophistiqués comme les scanners, les échographies, etc. D’autre part, ces augmentations du coût des soins peuvent être imputables aussi à la tendance actuelle de l’élévation du statut de l’animal de compagnie au rang de membre de la famille à part entière. C’est le résultat d’une urbanisation importante, où l’animal est devenu un « agrément ».

Pourquoi, à ce jour, les Français assurent-ils moins leurs animaux que leurs voisins anglais ou scandinaves ?
Je pense que cela est dû à plusieurs phénomènes. Le premier est le fait qu’en France, les assurés sont habitués, pour eux-mêmes, à ne pas avancer les frais, grâce au tiers-payant et la Sécurité Sociale, ils ne prennent donc pas encore conscience du coût que peuvent représenter les soins pour leur animal. Ils n’ont pas encore réalisé que les soins vétérinaires deviennent de plus en plus onéreux, et qu’un acte chirurgical ou un séjour en clinique pourrait mettre leurs économies dans une situation délicate.
Le deuxième est l’absence d’innovation de la part des assureurs. En effet, les offres restent très classiques avec des franchises, des délais d’attente importants, si ce n’est l’exclusion pure et simple quand l’animal est trop malade ou vieillissant.
Néanmoins, aujourd’hui, la tendance est en train de s’inverser. Avec la saturation de segments, comme la santé prévoyance classique, sans parler de l’assurance dommages, certains opérateurs ont compris le potentiel de croissance de ce marché, et se professionnalisent sur ce marché. Ils se dotent des nouveaux outils de commercialisation, comme le full web et la digitalisation du processus de vente, les plateformes de vente à distance, etc…
Mais pour convaincre les prospects actuels, des propriétaires d’animaux, urbains, quadras, actifs, connectés, les offres doivent évoluer elles aussi. Des innovations, telles que la couverture des gros risques uniquement, les packs prévention (visites médicales et vaccins), l’engagement de l’assureur de couvrir l’animal jusqu’à la fin de sa vie, les packages de suivi de l’animal depuis sa naissance avec l’éleveur, des services d’assistance personnalisés, de garde de l’animal en cas d’accident… seront surement l’un des leviers de l’augmentation de la demande en France. Les courtiers sont bien placés pour innover et faire bouger les lignes en matière de produits d’assurances, ils pourraient s’emparer avec succès de ce segment de marché à fort potentiel de développement.

Propos recueillis par Céline MESLIER