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27 mars 2020

La réassurance alternative face à la crise du coronavirus

Alors que les bourses ont dévissé dans la foulée de la propagation du coronavirus à travers le monde, les investissements placés sur la réassurance alternative n’ont pas subi de contrecoups parce qu’ils sont décorrélés des marchés financiers.

Fermat Capital Management met en avant la spécificité de ces investissements au regard des actions cotées en bourse. Alors que les marchés financiers connaissent les turbulences les plus extrêmes depuis la crise financière de 2008 suite à la pandémie de coronavirus, cette société américaine spécialisée dans les titres de réassurance alternative rappelle que les obligations catastrophes (Cat Bonds) et les Insurance Linked Securities (ILS) sont liés à des risques qui ne sont pas fondés sur les cycles économiques, les mouvements des taux d’intérêt, l’environnement politique ou les fluctuations monétaires. En effet, « les rendements de ces investissements sont largement déterminés par des pertes importantes en matière d’assurance et de réassurance liées principalement à des phénomènes naturels, tels que les tremblements de terre et les ouragans. Un krach boursier ne peut pas provoquer un cyclone ou un tremblement de terre et, bien que ces catastrophes naturelles se produisent […], elles sont indépendantes de l’activité en cours sur les marchés financiers traditionnels », relève John Seo, Co-fondateur et président directeur général de Fermat Capital.

Parce qu’ils sont décorrélés des marchés financiers au sens large, les titres de réassurance alternative placés sur les catastrophes naturelles ne subiront pas les impacts de Covid-19. C’est pourquoi John Seo recommande d’y faire appel dans les stratégies d’investissement afin « d’améliorer instantanément les portefeuilles des investisseurs en réduisant la volatilité et en offrant une plus grande stabilité des rendements ».

Des propos à relativiser toutefois : il est nécessaire de souligner que le rendement de ces titres est fonction de l’occurrence de catastrophes naturelles et humaines (grands risques), celles-ci ayant considérablement augmenté depuis les années 1990. Pour ne citer que les dernières catastrophes majeures, on se souvient des ouragans Harvey, Irma et Maria qui ont fait des dégâts considérables en 2017, des typhons Jebi et Mangkut qui ont balayé respectivement le Japon et Taiwan, ainsi que les Philippines et la Chine en septembre 2018 et, en 2019, du Japon qui a été de nouveau en proie à deux typhons, Faxai et Hagibis. Selon Aon Benfield, les capitaux alternatifs représentaient 16,6 % du total des capitaux globaux de la réassurance en 2018. Cependant, dans la foulée des catastrophes naturelles intervenues en 2018, cette proportion avait diminué à 15,4 % à l’issue du premier trimestre de 2019.

Par ailleurs, la réassurance alternative est impliquée en réassurance vie mais les investissements réalisés dans ce champ sont très limités. Concernant le risque pandémique, les tarifs de la réassurance traditionnelle étaient plus compétitifs que ceux des ILS ces derniers mois. C’est pourquoi des acteurs qui avaient placé des couvertures pandémiques sur le marché financier s’en sont détournés pour obtenir des réponses auprès de la réassurance traditionnelle. L’un des freins à l’expansion de la couverture du risque pandémique par les ILS est la nécessité d’investir dans la durée, cette forme alternative de réassurance ayant la préférence pour un retour sur investissement plus rapide qu’elle trouve en non vie.

Geneviève Allaire