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10 juin 2020

« 2020 risque d’être très compliquée d’un point de vue commercial »

Denis Fendt, directeur général adjoint et directeur du développement du groupe Aésio, qui rassemble au sein d’une Union mutualiste de groupe (UMG) les mutuelles Adréa, Apréva et Eovi MCD, traite l’actualité des complémentaires santé et de la prévoyance, du nouveau groupe et de ses liens avec le courtage.

 Codes Courtage : Avec le déconfinement, les mutuelles du groupe Aésio ont-elles observé une reprise de l’activité des soins ?

Denis Fendt : Côté prestations, l’activité, est revenue à son niveau habituel alors qu’elle avait enregistré une décélération de 50 % pendant le confinement. Durant cette période, un grand nombre de patients ont renoncé aux soins par crainte d’être contaminés par le covid 19. Des conséquences pourraient apparaître à moyen et long termes lorsque des interventions chirurgicales n’ont pas été réalisées ou si des examens de contrôle ont été différés. Le risque est notamment fort pour les maladies chroniques. Nous nous attendons également à une hausse des pathologies mentales à cause du confinement et de la crise sanitaire. Afin de prévenir ces troubles, les mutuelles du groupe Aésio ont mis en place, avec notre assisteur Inter Mutuelles Assistance (IMA), une cellule de soutien psychologique qui a reçu beaucoup d’appels téléphoniques. Si les prestations ont diminué d’environ 50 % pendant le confinement, nous anticipons un rattrapage partiel des soins, avec une surcharge que l’on prévoit au dernier trimestre 2020.

Codes Courtage : Quelles sont les autres conséquences de la crise sanitaire sur les complémentaires santé ?

D.F. : Les conséquences sont multiples : nous avons certes un impact positif sur notre trésorerie avec la baisse des prestations évoquée précédemment mais nous savons qu’il y aura un rattrapage partiel dans les mois prochains.  A côté de cela, nous avons de nombreux impacts négatifs. Tout d’abord, il y aura certainement un impact sur les revenus des produits financiers. Concernant le groupe Aésio, nous avons pris des mesures de solidarité. Nous avons augmenté les dotations de nos fonds d’action sociale. Pour certains régimes comme celui de la branche Hôtels-cafés-restaurants (HCR), nous n’appellerons pas les cotisations santé au second trimestre. Nous avons également pris des mesures d’aide et de soutien à nos adhérents. Les mutuelles du groupe Aésio n’ont pas fait appel au chômage partiel, les salaires ayant été maintenus pour l’ensemble de nos collaborateurs qui télétravaillaient en grande majorité durant le confinement. Par ailleurs, l’équipement de nos sites administratifs et de nos 315 agences en plexiglas, marquages au sol, masques et solution hydroalocoolique n’est pas neutre financièrement. En prévoyance où Aésio est un jeune acteur car l’activité a débuté il y a un an pour le groupe, il y a une hausse de la sinistralité avec le maintien des garanties pour les personnes vulnérables. Un autre impact qui va déséquilibrer les régimes déjà fragilisés par l’accroissement des arrêts de travail est celui de l’augmentation du chômage. Elle va entraîner une baisse du nombre d’assurés et, par conséquent, des cotisations. Enfin, l’année 2020 risque d’être très compliquée d’un point de vue commercial car les adhérents pourraient être tentés de réduire leur couverture pour gagner en pouvoir d’achat. De plus, dans les entreprises où les responsables des ressources humaines sont nos interlocuteurs, il n’est pas sûr qu’ils aient beaucoup le temps de mener des négociations sur les régimes frais de santé et prévoyance, occupés comme ils le seront à gérer les effets de la crise.  Des entreprises pourraient être à l’écoute afin de revoir à la baisse les cotisations ou les garanties mais, dans ce cas, ce serait dommageable pour les salariés. A mon sens, l’année va être très compliquée, avec une activité moins forte qu’habituellement.

Codes Courtage : Le courtage représente-t-il un mode de distribution important pour Aésio ?

D.F. : Il devient de plus en plus important et représente près du quart de notre activité en collectif. Il y a quatre ans, lorsqu’Aésio a été créé, l’activité courtage était très faible et nous avons décidé de la renforcer. Nous travaillons avec le grand courtage et le courtage de proximité. Nous avons lancé une activité de courtage grossiste car c’est souvent par ce moyen qu’un porteur de risques se développe en individuel avec les courtiers. Nous fonctionnons en délégation de gestion, ce qui est assez nouveau en mutualité. La distribution par le courtage prend bien parce que nos valeurs mutualistes et la volonté d’accompagner nos adhérents bien au-delà de la simple couverture des frais de santé à travers une offre servicielle nous positionne en bonne place. Nous avons 400 codes courtage actifs. Par ailleurs, nous disposons de 315 agences et nous travaillons actuellement sur le maillage territorial afin que celui-ci soit équilibré. Notre présence dans le grand Est et le grand Ouest  gagnerait à être plus forte. C’est pourquoi nous y ouvrirons des agences tandis que nous en regrouperons dans les villes où il y en a plusieurs. Nous distribuons aussi nos produits par la vente par téléphone et le canal digital.

Codes Courtage : Comment se profile l’avenir pour Aésio et où en est le rapprochement avec la Macif ?

D.F. : Si, aujourd’hui, Adréa, Apréva et Eovi MCD sont rassemblées au sein d’une UMG, il n’y aura plus bientôt qu’une unique mutuelle, Aésio, car les trois marques vont disparaître. Les assemblées générales  des  trois mutuelles d’Aésio qui se déroulent ce mois-ci par correspondance vont voter la fusion qui sera à effet rétroactif du 1er janvier 2020. Un dossier sera ensuite déposé à l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) et, en principe, nous devrions recevoir l’accord définitif du superviseur en novembre. Parallèlement, nous œuvrons à la création d’un grand groupe mutualiste avec la Macif qui couvrira huit millions de personnes et offrira l’ensemble de la gamme d’assurances à ses adhérents et sociétaires. Dans son ensemble, le groupe représentera un chiffre d’affaires de 8 Mrds € (3 Mrds €  en santé et prévoyance, 2 Mrds €  en épargne et retraite et 3 Mrds € en IARD). La création du groupe devrait être effective en septembre, une fois que se sera tenue l’assemblée générale de la Macif.

Propos recueillis par Geneviève Allaire