Codes courtage

Le webzine de PLANETE CSCA

Accueil > Webzine > En bref > Décryptages > 2020, année de défis pour le secteur de l’assurance

21 octobre 2021

2020, année de défis pour le secteur de l’assurance

Malgré la crise et un environnement persistant de taux bas, voire négatifs, le secteur de l’assurance est resté solide l’année dernière, selon le rapport « Les chiffres du marché français de la banque et de l’assurance 2020 » de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), publié le 12 octobre. Il ne faudrait toutefois pas oublier qu’il a fait face à de nombreux défis.

En vue de résumer la période d’entrée dans la crise sévère que traversent les secteurs de l’assurance et de la banque, l’ACPR estime que «  L’année 2020 a été marquée par les répercussions financières, économiques et sociales de la crise sanitaire et a enregistré un recul sans précédent de l’activité économique. Dans ce contexte dégradé, les secteurs des banques et des assurances français, forts d’une situation de solvabilité et de liquidité solide, ont contribué, par leur activité de crédit et de financement, à atténuer le choc d’activité sur l’économie réelle et ont accompagné la reprise de l’activité ».

 

Résultats techniques en berne

Selon le rapport de l’autorité de supervision, 2020 a vu les primes d’assurance non-vie passer à 145,2 Mrds € contre 144,1 Mrds € en 2019 (+ 1,1 Mrd €). Par segment, la moitié des primes acquises concerne les dommages corporels, 21 % relèvent de l’automobile et 17 % sont issus des dommages aux biens. Si le montant des primes non vie s’est renforcé, les résultats techniques ont largement pâti des effets de la crise : avec – 41 % en moyenne, les lignes d’affaires qui s’y rapportent ont enregistré une baisse importante de ces résultats en 2020, comparativement à 2019. Sont en cause une hausse de la sinistralité en raison de la prise en charge des pertes d’exploitation des entreprises intervenues après les fermetures administratives dues à la crise sanitaire mais aussi le coût des mesures de soutien et de solidarité prises par les assureurs à l’attention des TPE et des PME.

En assurance vie, c’est la prévoyance collective qui a pâti d’une sur-sinistralité, les dépenses s’étant élevées à 11 Mrds € en 2020, contre 9,4 Mrds € (+ 1,6 Mrd €). Pour rappel, un dispositif dérogatoire d’indemnisation des arrêts de travail et la possibilité de bénéficier du chômage partiel avaient été mis en place par le gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire. Sans surprise, on notera qu’en prévoyance, le ratio combiné qui était déjà à 105 % en 2019 à cause d’une hausse des arrêts de travail et du contexte des taux d’intérêt bas s’est dégradé un peu plus en 2020, avec un taux de 109 %. En revanche et toujours en raison de la crise générée par le Covid-19, la sinistralité en assurance auto est passée de 18,3 Mrds € en 2019 à 17,2 Mrds € en 2020 (- 1,1 Mrd €) suite aux confinements et autres restrictions de déplacement qui ont entraîné une diminution de la circulation routière et, par un effet de ricochet, des accidents de la route. 2021 a également été le témoin d’une baisse de la sinistralité de – 4,7 %  sur les autres lignes dommages aux biens. Ainsi, concernant les multirisques habitation, il y a eu moins de cambriolages, de dégâts des eaux ou d’incendies puisque les assurés ont été tenus de rester à demeure une partie de l’année.

Toujours selon le rapport de l’ACPR, en assurance santé où les mois de confinement ont restreint la consommation médicale mais où un rattrapage a été observé dés le second semestre 2020, les assureurs ont fortement augmenté leur provision pour sinistres à payer (PSAP). Comparativement à l’exercice précédent, elle a crû de + 842 % en 2020. L’Autorité de supervision explique cette envolée par la mise en place de la contribution exceptionnelle intégrée à la loi de financement de la Sécurité sociale 2020, plus familièrement appelée « taxe covid ».

 

Des assureurs qui ont de la tenue

Par ailleurs, sur les placements d’assurance vie, un montant record de décollecte nette sur les fonds euros équivalant à – 30,9 Mrds € a été atteint, à contrebalancer avec une collecte des assurances vie en unités de compte qui s’est chiffrée à + 23,9 Mrds €. Sur l’ensemble de l’assurance vie, la collecte nette a subi une baisse nette de – 7,0 Mrds € en 2020 après une hausse de + 20,4 Mrds € l’année précédente. L’ACPR n’attribue pas ce mouvement à la crise sanitaire mais au fait que les taux d’intérêt ont frayé avec les territoires négatifs à partir de la mi-2019 et quasiment sur l’ensemble de 2020.

En termes de solvabilité, l’ACPR relève « la bonne tenue des assureurs » qui « s’explique par une entrée en crise à des niveaux de solvabilité largement au-dessus des seuils réglementaires (267 % fin 2019), soit une immobilisation de fonds propres 2,7 fois supérieure au niveau de capital de solvabilité requis par la réglementation ». A l’issue de 2020, s’il était redescendu, peut-être plus à cause de l’évolution des taux d’intérêt qu’en raison des répercussions de la crise, le ratio moyen de l’ensemble des assureurs était de 242 %. Plus précisément, pour les organismes vie et mixtes, il s’établissait à 234 % et pour les organismes non-vie, il était de 262 %. Qu’en est-il du bilan prudentiel ? Celui-ci a progressé en moyenne d’environ + 3 % en 2020, selon l’ACPR. C’est nettement moins qu’en 2019 où il était en hausse de + 8 % par rapport à l’année précédente mais c’est une progression honorable, étant donné le contexte de crise.

Au final et comme l’indique le rapport de l’autorité, le marché de l’assurance a vu son chiffre d’affaires global décroître de – 11 % en 2020 par rapport à 2019 et se chiffrer à 282,5 Mrds € pour un résultat technique global du secteur à 11,3 Mrds € contre 14,6 Mrds € l’année antérieure. Toutefois, en fonction du critère de la taille comme celui du volume des primes collectées, le marché français de l’assurance maintient sa première place dans le classement des marchés de l’Union européenne, devançant l’Allemagne. Ainsi, l’actif de la France pour le secteur s’élève à 3 099 Mrds €, là où celui de l’Allemagne correspond à 2 594 Mrds €.

Geneviève Allaire